Les professionnels nord-américains de l'agroalimentaire n'aiment pas perdre leur temps. Ils étaient en effet nombreux à passer les portes aux premières heures de l'ouverture du Salon international de l'agroalimentaire (Sial), qui se tient depuis mercredi et jusqu'à ce vendredi à Montréal. Représenté par une dizaine d'entreprises, et un temps par l'ambassadrice du Maroc au Canada, Nouzha Chekrouni, venue apporter son soutien, le pavillon marocain a connu un incontestable succès. Un tel accueil a de quoi augurer de bonnes opportunités d'affaires pour les exposants ayant fait le déplacement. Câpres, olives en conserves, huile d'olive, semoule de couscous, sauces pour tajines, jus et agrumes... autant de secteurs qui exportent depuis des années, principalement vers la proche Europe, mais qui ne connaissent pas forcément le Canada, et plus particulièrement la province francophone de Québec. Ils espèrent donc tous pouvoir s'introduire dans un marché jugé difficile, car très différent des habitudes européennes qui dominent les exportations alimentaires marocaines, mais néanmoins juteux avec 33 millions de consommateurs - et près de 100.000 Marocains. Voisinage des Etats-Unis oblige, la junk food règne presque en maître dans le pays. «Les Canadiens ont l'habitude des plats préparés mais moins celle de préparer des plats. Néanmoins, ils sont aujourd'hui nombreux à vouloir découvrir de nouvelles recettes», explique Yassir Bacheikh, à la tête de Fady, importateur et exportateur exclusif de marques marocaines basé à Montréal. Pour lui, l'outil qui fera connaître la cuisine marocaine au Canada est la multiplication des dégustations. Rude concurrence 5% seulement des câpres exportées par Urcimar le sont vers le Canada. Pour certains, la présence au Canada est même très récente. Les jus Valencia, qui sont apparus sur les rayonnages marocains début 2011, sont distribués au Canada depuis janvier 2012. Mais le potentiel est bien présent pour ces secteurs. En seulement cinq mois, les jus Valencia ont ainsi réussi à tirer jusqu'à 20% de leur chiffre d'affaires du marché canadien. Et la marque ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. A l'occasion de ce Sial, l'équipe présente sur place espère bien tisser des liens avec les marchés hispanophones. «On est là pour faire des affaires. Alors pourquoi ne pas conquérir le marché hispanophone ? Pour cela, nous nous devons d'être compétitif par rapport au marché local», explique Aziz Chirb, responsable Export au sein d'Agro Juice Processing, détenteur de la marque Valencia. D'autres ont même investi en direct, comme l'un des héritiers de la famille directrice du groupe Tria (pâtes et couscous), qui a cocréé, voilà presque une décennie, Zinda, une gamme de semoules de couscous prêtes à cuire fabriquées au Canada. Le comble pour un Marocain : les couscous saveurs (épinards, tomates et basilic, épices méditerranéennes, et couscous aux sept légumes), prêts en cinq minutes. Des innovations qui permettent au Maroc de garder une longueur d'avance sur ses voisins. Néanmoins, la concurrence est rude. Productrice d'agrumes dans la région d'Agadir, Clementina n'exporte vers le Canada que des clémentines, l'approvisionnement en oranges étant assuré par la Californie et la Floride. Pour les produits typiques du bassin méditerranéen, comme l'huile d'olive, les exposants marocains doivent en revanche redoubler d'efforts. La Tunisie est ainsi également venue vanter les mérites de sa production d'huile d'olive. Heureusement, le Maroc dispose d'un atout de taille : des lignes aériennes directes. Un avantage que le pays ne peut avancer à ses éventuels partenaires chinois, à l'occasion du Sial de Shanghai, qui se déroulait également du 9 au 11 mai et où le Maroc participait pour la première fois.