39% des adultes marocains seulement disposent de comptes auprès d'institutions financières. C'est là le résultat d'une étude publiée par la Banque mondiale (BM) sur l'inclusion financière dans le monde. Ce taux représente plus du double du taux qu'affiche la région MENA et que la Banque mondiale évalue à 18% seulement. Pour le Maroc, ce taux fléchit cependant quand on l'évalue pour la gent féminine. En effet, seules 27% des femmes marocaines adultes disposent aujourd'hui de comptes bancaires. Notons que, pour son étude, la BM utilise principalement des indicateurs mesurant l'utilisation des services financiers et non pas seulement l'accès à ces services. Il s'agit, dans les faits, des résultats d'un sondages effectués, pour le cas du Maroc notamment, auprès d'un millier de personnes. C'est d'ailleurs ce qui pourrait expliquer que le taux ressorti par la Banque mondiale diverge du taux de bancarisation affiché par les autorités monétaires et qui se situerait dans une fourchette proche des 50%. Cela ne change cependant en rien la conclusion selon laquelle le Maroc crée bien l'exception parmi les pays dits en voie de développement, malgré la faiblesse de la part des adultes qui se déclarent disposer de comptes bancaires. En effet, si dans les économies à revenu élevé, 25% des adultes et près d'un tiers des titulaires de compte déclarent utiliser leurs comptes à des fins commerciales, dans les pays «en développement», ce sont seulement 4% des adultes et 11 % des titulaires de compte qui s'inscrivent dans cette logique. Or, le Maroc constitue l'exception, en compagnie du Tchad, du Togo et de l'Ouganda, dans le sens où 35% des titulaires de comptes dans ces pays déclarent utiliser leurs comptes à des fins commerciales. Recours au prêt non formel Par ailleurs, pour la BM, les personnes qui n'ont pas accès au système bancaire officiel doivent souvent se tourner vers des prêteurs qui prélèvent généralement des commissions élevées. Ces personnes, en outre, sont moins susceptibles de créer leur propre entreprise ou de contracter une assurance contre les événements imprévus. Au Maroc, l'établissement international récense que seuls 4% des adultes ont contracté en 2011 des crédits auprès des institutions formelles, cependant que plus de 40% de gens ont déclaré emprunter auprès de leurs proches. C'est là l'une des manières qui permettent aux Marocains de contourner le système financier classique. Dans le même sens, la Banque mondiale consacre l'inclusion financière comme une source possible des transformations, «car elle donne aux pauvres le moyen de bâtir un avenir plus sûr», analyse-t-on auprès de la BM. La possibilité d'épargner et d'emprunter leur permet en effet d'accumuler des actifs, de créer des entreprises, d'investir dans l'éducation, et aussi d'accéder au logement. À ce titre, dans le cas du Maroc, les données publiées par la BM recensent que 12% des adultes utilisent des comptes d'épargne, tandis que 5% disposent d'un emprunt hypothécaire (principalement pour le financement d'acquisitions immobilières).