Quinze ans et pas une ride ! C'est ainsi que l'on décrit le festival d'Essaouira «Gnaoua, musiques du monde» qui souffle cette année sa 15e bougie. Pour la directrice et productrice du festival, Naila Tazi, le secret de la réussite de cette manifestation qui rassemble chaque année des milliers de spectateurs d'horizons différents, réside dans la passion. «Il y a aussi la volonté et le souci du travail bien fait de toute une équipe. Ce festival a été créé dans des conditions rudimentaires et le fait d'avoir pu réaliser 15 éditions dans les conditions dans lesquelles nous le faisons ne peut que nous donner confiance en nos compétences», tient-elle à préciser. Le festival est devenu au fil du temps le carrefour d'artistes d'ici et d'ailleurs et de jeunes en quête de liberté. Du 21 au 24 juin, Essaouira, se transformera donc en une ruche bourdonnante rassemblant les amoureux de la musique gnaouie. Une musique ancestrale chargée de valeurs reliées à l'histoire de l'Afrique, berceau de toutes les musiques. Les moments forts Les organisteurs de ce festival dont la réputation a dépassé les frontières, ont concocté une programmation spéciale pour bien célébrer son 15e anniversaire. «Le patrimoine de la musique gnaoua sera valorisé comme d'habitude et de nouvelles expériences sonores viendront habiter la ville», affirme-t-on. Le ton sera donné dès le premier jour avec la procession d'ouverture. Un rendez-vous bien ancré dans la tradition du festival. Les maâlems venus de toutes les régions du Maroc y prendront part. Ils ne seront pas seuls, les confréries des Hmadcha et des Issaoua y participeront. Entre résidences d'artistes, fusions, artistes en solo et concerts intimistes, la programmation de cette édition s'annonce éclectique. En effet, quatre jours durant, les résidences d'artistes proposeront des rencontres improbables. Maâlems gnaouis et artistes étrangers s'allieront le temps d'une création musicale, pour échanger et apprendre à accepter l'autre. Au menu, cinq résidences artistiques, influencées à la fois par des notes ganouis, jazzy et avec une dose de latino. Il s'agit, entre autres, du Maâlem Saïd Oughassal, Abdellah Akharraz et le groupe de percussions made in Africa Djembe New Style, des Issaoua de Meknès avec les Pakistanais Fareed Ayaz et Abu Muhammad, de Hamid El Kasri et le saxophoniste Soweto Kinch quartet. Les fusions programmées, elles, regrouperont des maâlems et des musiciens de la world music. Abdeslam Alikane & Tyour Gnaoua, Sylvain Luc Trio, Mustapha Baqbou, Bob Maghrib et Mohamed Kouyou & les musiciens de Mayara Band, créeront, sans aucun doute, une synergie tout à fait singulière sur scène. Concernant les artistes solo qui se produiront à Essaouira cette année, il s'agit notamment de la Malienne Oumou Sangaré, du Sénégalais Carlou D, du maâlem Mahmoud Guinea que l'on ne présente plus et du Trio Joachim Kühn, Majid Bekkas et Ramon Lopez. Les Zaouia Sidna Bilal, le Borj Bab Marrakech et l'espace Dar Souiri abriteront ces concerts intimistes et acoustiques où le répertoire traditionnel sera mis en valeur. Cette année, neuf maâlems des plus illustres et les Issaoua animeront les «lilas» en début et fin de soirée. Le concert de clôture demeure parmi les moments forts de cette 15e édition. Un concert y réunira quatre maâlems en l'occurrence Omar Hayat, Mustapha Baqbou, Abdelkader Amlil et Saïd Oughassal. Outre la musique, cette nouvelle édition, sera marquée par la tenue du forum «Sociétés en mouvement, cultures en liberté». Organisé avec le soutien du Conseil national des droits de l'homme, ce forum qui aura lieu les 22 et 23 juin, verra la participation de bon nombre d'intervenants marocains et étrangers. L'artiste et ministre de la Culture et du Tourisme sénégalais Youssou N'dour, le ministre de la Culture marocain Mohamed Amine Sbihi, la secrétaire générale de l'Unesco, Irini Bokova et le président du Conseil national des droits de l'homme, Driss El Yazami, font partie des personnalités qui discuteront du rôle de la culture dans le rapprochement des peuples. À travers deux tables rondes, ce forum, donnera l'occasion à des artistes, à des militants associatifs et à des spécialistes de débattre de sujets d'une actualité brûlante, notamment du rôle de la culture dans nos politiques publiques.