La baisse du taux directeur de 25 pbs aura été l'actualité de ce début d'année pour le marché monétaire. «Soutenir l'économie nationale», en ces temps de croissance internationale en berne et de contraction des liquidités au niveau national, semble être le principal leitmotiv de Bank Al-Maghrib (BAM) et de son gouverneur, pour justifier cette décision primordiale. Du côté du marché financier, les premières réactions commencent à s'afficher. Après CDG Capital Research, c'est autour de BMCE Capital Markets de livrer ses impressions et projections pour l'année 2012, dans son rapport annuel Rétrospective, marché, taux dirhams, 1er trimestre 2012. Creusement continu du déficit de liquidité Révision à la baisse de perspectives de croissance nationale, «maintien de la demande interne», «hausse modérée de l'inflation», autour de 1,3% et 1,7%» au cours de l'année 2012, dégradation de la balance commerciale, «croissance stable des agrégats monétaires», «légère amélioration des recettes fiscales de 4,9%», «pression prévue sur la charge de compensation»... la grille de lecture établie par les équipes de BMCE Capital Markets, et les hypothèses sous- jacentes, laissent entendre une réaction favorable à la baisse du taux directeur à 3%. «Cette baisse du taux directeur devrait participer à la relance de la croissance économique, surtout dans un contexte international instable», pouvons-nous lire dès les premières lignes du rapport, avec cet espoir que «les banques marocaines se finançant moins cher auprès de BAM devraient répercuter cette baisse sur les crédits distribués». En attendant, sur le marché monétaire, le déficit de liquidité ne cesse d'exploser. «Le déficit de liquidité moyen durant les trois premiers mois de l'année est ressorti à 48,2 MMDH, contre seulement 12,4 MMDH» au premier trimestre 2011. «Une aggravation de 35,8 MMDH», qui alimente ainsi «cette tension que connaît le système bancaire marocain». Deux raisons majeures sont mises en avant. La première renvoie au constat d'une «destruction du dirham de l'ordre de 6 MMDH, à fin février, due à la dynamique des opérations de change des opérateurs économiques» ; la seconde, relevant davantage d'une sorte d'effet d'éviction financière, avec le«recours du Trésor au marché local pour financer ses besoins», qui a engendré «une ponction de liquidité de l'ordre de 17 MMDH», en levée nette. Sans oublier bien entendu «la baisse du rythme de création monétaire liée au ralentissement de la distribution des crédits bancaires». Autant de facteurs restrictifs qui ne cesseront de mettre la pression sur la Banque centrale. À ce titre www.lesechos.ma, BMCE Capital Markets s'inquiète du pic atteint par le volume de la monnaie centrale généré par la BAM. «Les volumes injectés par BAM ont augmenté de manière significative pour atteindre une moyenne de 46 MMDH durant ce premier trimestre, contre 11 MMDH en T1 2011» note les experts de BMCE Capital, avec «un pic de 53 MMDH». Avec la hausse de la demande, BAM n'est pas seule à animer le marché monétaire. Sur le premier trimestre de l'année en cours, le Trésor a augmenté, en glissement annuel, ses interventions de «82% ou 1,1 MMDH», soit 1,4 MMDH en T1 2011 contre 2,5 MMDH en T1 2012. Sur le marché de la dette publique, la rétrospective de BMCE Capital Markets se veut nettement plus sévère. Il est une première donnée d'importance pour l'année qui commence, c'est l'aggravation sur les trois premiers mois de l'année de l'endettement du Trésor. Qualifié de «massif», ce dernier s'est creusé de 17 MMDH au premier trimestre de l'année. Outre «le financement des dépenses ordinaires du budget 2012», 16 MMDH ont dû être alloués au «remboursement des arriérés de paiement de la compensation 2011». Avec en prime, un alourdissement du coût de financement du Trésor. Le manque de liquidité sur le marché a ainsi fait baisser la demande, au cours des séances d'adjudications, de «63% à 67,6 MMDH, contre 181,3 MMDH en T1 2011». Partant de cette situation fragile, une tension a été constatée au niveau des taux primaires qui se sont inscrits à la hausse, en partie du fait du «manque de visibilité» sur le projet de loi de finances 2012. Sur la maturité de deux ans, la hausse a été de 8 pbs (3,93%), les 26 semaines ont augmenté de 22 pbs (3,55%) ; les 52 semaines, de 13 pbs (3,52%). Il en a été de même du marché secondaire, où la volatilité des taux a été très prégnante, à la suite notamment de celle du marché primaire. En termes quantitatifs, le rapport note une baisse de 24 % de la volumétrie, passant, en glissement annuel, de 60 MMDH en T1 2011 à seulement 45,4 MMDH en T1 2012. Trois facteurs sont mis en avant : «l'insuffisance de liquidité, l'aversion au risque de taux et l'arbitrage entre dette publique et dette privée».