À l'heure où tous les regards sont tournés vers les indicateurs liés au marché de l'export, au vu de son impact important sur la croissance économique, le leader de l'assurance-crédit Euler Hermes Acmar vient d'apporter un éclairage, plutôt édifiant, sur la situation économique des principaux partenaires du Royaume. D'emblée, «le PIB mondial a progressé de 5,8 % entre le 1er trimestre 2009 et le 2nd trimestre 2010 avec un rebond majeur de la production industrielle et des échanges internationaux», se félicite J.C Batlle (DG d'Euler Hermes Acmar). Cependant, une grande disparité est constatée entre le comportement des économies de chacune des régions du monde. C'est à ce niveau que le Maroc se retrouve en mauvaise posture, car la région Europe, avec laquelle le Royaume réalise plus de deux tiers de son commerce international, présente aujourd'hui des indicateurs en net ralentissement. Cette situation risque même, selon les projections de l'assureur, de se prolonger en 2011, avec une croissance du PIB limitée à 1 %, après 1,5 % en 2010. Dans ce sens, «le principal risque encouru par les exportateurs marocains a trait à la faiblesse de la demande interne en Europe», ajoute Batlle. Par ailleurs, les marchés européens vivent actuellement sous la menace de plusieurs éléments qui n'en font pas forcément des marchés aussi lucratifs dans le temps. C'est notamment le cas de l'aggravation de la crise de la dette publique qui s'étend actuellement à de nouveaux pays, le rebond des prix du pétrole dont l'impact se fait sentir au niveau de la production industrielle et la résurgence des tensions sur les marchés interbancaires. C'est dire autant de facteurs qui plaident en faveur d'une reprise économique beaucoup plus lente que prévu dans la région. Dans ce contexte, si l'Europe demeure un partenaire économique historique, de nouveaux relais de croissance s'imposent, aujourd'hui, pour redynamiser les exportations marocaines, et les pistes ne manquent pas. D'abord, les marchés des Amériques et de l'Asie présentent les meilleurs potentiels de croissance. Toutefois, une réorientation des exportateurs marocains vers ces marchés n'est pas facilement envisageable. En effet, pour pouvoir s'imposer sur ces marchés, il est indispensable de disposer d'une taille critique à même de permettre des exportations en masse, chose qui fait défaut aux opérateurs marocains. Ces derniers ne disposent, en effet, que de structures de taille moyenne, souvent limitées au stade de la PME. «Cette problématique de taille a été résolue dans certains pays à travers la naissance du concept de consortium à l'export», témoigne-t-on à Euler. En d'autres termes, les exportateurs marocains gagneraient à mettre en place des stratégies de consortium permettant à un ensemble d'opérateurs de se positionner en tant qu'opérateur unique traitant de tous les maillons de la chaîne de l'activité exportée. Ce principe n'est pas aisé à réaliser dans la pratique, particulièrement en raison des réticences souvent culturelles des opérateurs. Dans ce contexte, l'unique alternative qui reste pour contrebalancer l'effet du ralentissement de la demande en Europe est le recours vers le marché africain. Selon les données d'Euler Hermes, le continent s'apprête à réaliser une croissance économique frôlant les 5 %, grâce à une forte demande interne, mais en même temps, sa contribution au PIB mondial reste toujours faible. En conséquence, «il est indéniable que l'avenir se jouera en Afrique et les opérateurs marocains en ont déjà pris conscience», soutient J.C Batlle. Cependant, afin d'en tirer le meilleur profit, il faut inéluctablement revoir les modes de règlements avec les opérateurs du continent au regard des risques de non-recouvrement que représentent plusieurs des marchés locaux.