Samedi dernier, dans une salle du Parti socialiste unifié à Casablanca, une centaine de personnes ont assisté à une conférence organisée par ATTAC Maroc au sujet de la dette publique et de la pauvreté. L'événement, organisé quelques semaines à peine après l'annonce par le ministère des Finances d'un emprunt international, est tombé à pic pour repasser en revue l'historique et l'évolution de la dette publique au Maroc. Plusieurs questionnements y ont été posés et les intervenants n'y sont pas allés de main-morte. Mimoun Rahmani, membre de l'association a fait le lien entre le volume de ce que doit le Maroc avec ce que l'Etat dépense sur les secteurs vitaux, comme la santé et l'éducation. «Le service de la dette (principal plus intérêts, ndlr) représente 10 fois nos dépenses de la Santé, et le double de nos dépenses de l'Education nationale, explique-t-il. C'est 39% du budget de l'Etat marocain qui partent aux prêteurs et, rapporté à la population, nous remboursons 3.220 DH par habitant». L'économiste Najib Akesbi, quant à lui, soutient que les institutions financières internationales et à leur tête la Banque mondiale et le Fonds monétaire international ont, elles-mêmes, reconnu l'échec des plans d'ajustement structurel (PAS) imposés dès la fin des années 1970 aux pays qui s'avéraient incapables d'honorer leurs engagements. «Les résultats de ces politiques sont socialement désastreux, et ce n'est pas moi qui le dis, ce sont ces institutions qui le reconnaissent maintenant», a-t-il ajouté. Selon l'économiste et professeur à l'Institut agronomique de Rabat, les politiques du FMI et de la Banque mondiale ne sont plus imposées aux Etats, mais ce sont ceux-là qui intériorisent désormais l'orthodoxie financière mondiale. Il affirme, d'ailleurs, que c'est le cas au Maroc, considéré comme brillant élève par ces institutions. «Choisissez n'importe quelle politique économique, vous verrez qu'elle est soit inspirée, soit financée, soit validée par la Banque mondiale», ajoute-t-il. Enfin, Akesbi a rappelé que le recours massif à la dette publique, que celle-ci soit intérieure ou extérieure, est une fuite en avant, et dénote d'une absence de créativité politique, et d'une incapacité à apporter des réformes profondes. «Le Japon de l'après-guerre a fait ce que nous rêvions de faire il y a longtemps : deux profondes réformes, l'une agraire, l'autre fiscale», ajoute-t-il; et de conclure que «tôt ou tard, il y aura des réformes au Maroc parce que cette situation ne peut pas continuer ainsi».