Luc Dumont, Vice-président du développement international de Dailymotion Les Echos quotidien : Vous avez fait part de votre intérêt pour le marché marocain. Combien le Maroc pèse-t-il dans votre secteur ? Luc Dumont : Le Maroc est l'un des plus gros marchés de tout le continent. Aujourd'hui, il représente une audience de 1,3 million de visiteurs uniques, ce qui en fait un marché plus qu'intéressant. Pratiquement le 15e à l'échelle globale ! Le plus surprenant, c'est que nous y sommes arrivés presque sans rien faire. En quoi consiste donc l'arrivée de Dailymotion au Maroc ? L'idée est d'aller beaucoup plus loin et de se concentrer sur trois types de partenaires. D'abord, notre audience, en leur proposant une sélection de vidéos pré-filtrées plus pertinentes et adaptées. Ensuite, les producteurs de contenus. 2M est notamment un gros producteur de contenus. Les indépendants sont également d'excellentes sources de contenus... Pour ceux-là, le site se positionne comme une plateforme de distribution locale, mais aussi internationale. Dailymotion donne à ses acteurs plus de visibilité à travers des outils viraux tels que Facebook ou Twitter. Le troisième type de partenaires, ce sont les annonceurs. Aujourd'hui, les marques cherchent à toucher leur audience locale à travers des formats attirants et innovants. Du coup, nous mettons à leur disposition tout le dispositif média et pub de la plateforme. Ce qui devrait permettre aux marques locales de communiquer différemment en «s'amusant». Des noms d'annonceurs déjà démarchés ? Oui ! Nous avons aussi contacté de nombreux annonceurs, en l'occurrence Maroc Telecom, Méditel et Inwi. On voit aussi aujourd'hui de grands annonceurs se présenter sur la plateforme, car elle répond à des objectifs locaux, contrairement à d'autres. Selon vous, Dailymotion Maroc n'est-il pas amené à devenir Dailymotion Maghreb ? Justement, dès que l'information sur le lancement de la plateforme Dailymotion Maroc a été diffusée, nous avons reçu de nombreuses réactions qui venaient surtout de la Tunisie, du type «À quand une version tunisienne ?», par exemple. Notre ambition est de continuer à rendre le site de plus en plus local. Depuis 2008, nous avons lancé une version pour la Russie, deux pour la Suisse et trois pour la Belgique, et la dernière en Australie il y a une semaine. Nous voulons continuer sur cette lancée, avec le principe de base qu'une expérience ne peut être pertinente pour tout le monde en même temps. C'est important d'offrir un contenu différent... Concrètement, les contenus marocains seront-ils visibles à l'international ? Aujourd'hui, c'est le cas, et on espère qu'il le restera le plus longtemps possible. Nous voulons participer, à juste échelle, à la diffusion de contenus marocains dans le monde... Et je pense que l'intérêt devrait rapidement dépasser les frontières pour atteindre les pays voisins, voire plus lointains... Vous parliez récemment d'événements live... On a commencé à travailler sur des événements live, notamment avec une émission de téléréalité de W9... L'expérience nous a permis de constater qu'il y a une véritable synergie entre les deux formats. La télé touche une audience immense en jouant sur la ponctualité et le web qui est capable de relayer sur la durée à une masse de personnes. Aujourd'hui, le concept de donner rendez-vous aux internautes à un moment «t» est encore très difficile. Par contre, Internet est très efficace pour le travail de relais, derrière. Et j'espère qu'on y arrivera avec 2M. Pour finir, comment Dailymotion se distingue de Youtube ? Au niveau audience, Youtube est juste énorme ! Mais avec plus de 72 millions d'utilisateurs, nous sommes beaucoup plus fréquentés que d'autres sites, du type Viméo (20 millions) ou Métacafé (40 millions)... Ce qui nous différencie, c'est essentiellement notre service local, beaucoup plus éditorial. En même temps, le marché de la vidéo sur Internet est énorme. Si maintenant je devrais signer un contrat qui stipule que «malheureusement Dailymotion restera deuxième» sur ce marché énorme... je le signerais ! (rires).