par seydou souley mahamadou n«15.000 emplois dans le secteur du sport d'ici 2016», c'est la promesse faite par Moncef Belkhayat dans le cadre de son méga-projet de restructuration du champ sportif: l'objectif est de faire du créneau un business rentable. La réalisation de cette promesse est en marche et la structure de l'économie marocaine du sport commence à prendre forme. Après avoir déniché ses big boss parmi les grands noms du monde des affaires (Ahizoune, Al Mandjra, Ali Fassi Fihri, etc.), aujourd'hui le secteur s'active à trouver son personnel d'encadrement (cadres supérieurs, managers, techniciens, etc.). À terme, l'univers sportif marocain sera donc l'un des secteurs les plus prometteurs en matière d'opportunité de carrière. Cela est d'autant plus perceptible que le secteur jouit désormais d'une attention particulière au plus haut niveau de l'Etat. Le message royal de 2008, lors des assises nationales du sport, atteste de la priorité donnée au créneau : «...Quoiqu'il en soit, on ne peut prétendre à de bons résultats sans avoir préparé, de façon sérieuse et professionnelle, les équipes nationales aux compétitions continentales, régionales et internationales. Cela requiert une formation judicieuse et de bonnes compétences en matière d'encadrement technique et administratif...». En 2011, les clubs de foot seront appelés à devenir des sociétés anonymes et les fédérations sportives, désormais tenues par des exigences plus strictes de performance, auront également à changer leur modèle de gouvernance. Ainsi, en plus de la mise à niveau de l'infrastructure et des outils de financement, la réussite de tout ce remue-ménage nécessitera aussi des recrutements massifs de profils dotés de compétences managériales couplées d'une bonne connaissance de l'univers sportif et de ses enjeux. Les effets de ces mutations rejailliront aussi sans doute sur les entreprises privées qui évoluent dans le secteur (salles de sport, cabinets conseil, industries d'équipement, etc.), dont les besoins en ressources humaines adaptées iront aussi grandissant. Repositionnement C'est en décodant ces signaux que l'ISCAE a lancé son master spécialisé en management du sport et a réussi à dégoter dès son démarrage une trentaine d'inscrits venus de divers horizons professionnels, essentiellement des cadres et dirigeants d'entreprise. Mais dans le lot, on trouve également des profils pour le moins insolites. C'est le cas notamment de Kamil Rami (pilote de ligne à la RAM), de Tachfine Ourahou (expert comptable) ou encore de Driss Chraïbi avocat, reconverti dans l'univers du sport et qui depuis est administrateur de Sport Plazza. En fait, ceux-là ont agi en quelque sorte en pionniers, car ils ont vite saisi le sens de la feuille de route du ministère de la Jeunesse et des sports, et ont dès lors flairé les opportunités qui en découlent. À ce propos, explique d'ailleurs Driss Chraïbi, «avec la crise, le sport peut devenir un véritable secteur économique pourvoyeur d'emplois, mais comme dans tous les domaines, ceux qui veulent faire carrière dans l'univers du sport doivent également se spécialiser». Tel est désormais le mot d'ordre des acteurs du secteur. Le créneau manque cruellement de compétences d'encadrement et aujourd'hui, avec le nouvel élan qui lui est insufflé, combler cette faille devient un facteur clé de succès. Juristes, marketeurs, communicants, financiers, managers RH, etc. En un mot, tous les profils formés dans les métiers de la gestion sont les bienvenus, mais quête d'efficacité oblige, il faut qu'ils aient une formation complémentaire dans le domaine du sport, d'où la nécessité de la spécialisation. Ce que confirme également Abdenbi Saligane, vice-président de la Fédération royale d'athlétisme et participant au master de l'ISCAE, en précisant qu'en effet, dans le contexte actuel, les clubs et les organisations sportives de façon générale, ont besoin de managers capables de définir des stratégies gagnantes, de développer leur notoriété et de rentabiliser leurs actions. Même au sein du ministère, ce besoin d'avoir des managers adaptés au nouveau style que veut imprimer Moncef Belkhayat existe, mais le combler n'est pas si simple. Une source interne du ministère explique que «le ministre veut s'entourer de jeunes managers compétents et efficaces mais, dans l'administration, comme on ne peut agir qu'avec les moyens qu'offre la loi, il est difficile de remplacer les effectifs déjà en poste par du sang neuf». Quoi qu'il en soit, les spécialistes s'accordent à dire que c'est aujourd'hui le moment idéal pour atterrir dans le landerneau managérial qui est en train de se mettre en place dans le secteur du sport. D'autant plus que du fait de la rareté de ressources humaines qualifiées, ce sont les premiers arrivés qui seront les mieux servis. Adaptation Selon Driss Chraïbi, aujourd'hui les salaires offerts par le champ sportif pour des postes de cadres défient toute concurrence. Un manager dans un club peut empocher entre 30.000 et 40.000 dirhams nets. Au niveau de l'Institut royal de la formation des cadres pour le sport et la jeunesse (IRFC) aussi, le turbo redémarre. L'entité entame aujourd'hui une large campagne de recrutement d'enseignants (une trentaine au total) pour diverses filières dont l'entraînement sportif, l'animation socioculturelle et l'éducation des jeunes enfants. Les profils recherchés sont des diplômés supérieurs ayant une bonne maîtrise des sciences sociales, des langues et des technologies de l'information. Selon Ibrahim Alaoui, directeur de l'institut, l'entité venant d'intégrer la réforme universitaire, ces recrutements entrent dans la droite ligne de la structuration du secteur du sport. 160 étudiants sont formés par l'institut depuis 2009 et 300 nouveaux sont à recruter pour la rentrée 2010-2011. Une montée en gamme des formations offertes par l'institut est également envisagée. Dans ce cadre, l'IRFC a conclu un partenariat avec l'ENCG pour proposer ensemble une formation de licence en management du sport qui recrutera 20 personnes dès la rentrée 2010-2011. «Celles-ci deviendront les futures salariées des clubs et des fédérations sportives», explique Ibrahim Alaoui. Le même type de partenariat est également établi entre l'IRFC et des établissements étrangers, comme l'Université de Rennes dans le but d'assurer des formations continues pour le perfectionnement des cadres déjà en poste dans les organisations sportives.