Opération séduction réussie pour Abdelilah Benkirane et l'équipe gouvernementale qui ont participé à la rencontre Maroc-France. En effet, le chef de gouvernement a une nouvelle fois usé de ses qualités de grand orateur, pour rassurer les 220 chefs d'entreprises français en visite au Maroc, au point de provoquer l'ovation de la salle à plusieurs reprises. Abdelilah Benkirane, qui a qualifié la relation Maroc-France «d'histoire d'amour qui ne peut que durer», cherchait en fait à convaincre l'auditoire de la volonté de son équipe de poursuivre le travail de consolidation du partenariat Maroco-français. Ceci fait vraisemblablement suite aux questionnements qu'a suscité l'avènement d'un parti qualifié «d'islamiste», à la tête du gouvernement et qui a déclenché une vague de craintes auprès des investisseurs français. D'ailleurs, le chef de gouvernement reconnaît de lui-même que la question lui a été posée à plusieurs reprises par des représentants de la scène économique française. Le niet est donc catégorique: «Le Maroc et la France ne peuvent plus se passer l'un de l'autre et nous travaillons aujourd'hui, à renforcer davantage notre partenariat, notamment sur le volet économique», insiste Benkirane. Il faut dire que le jeu en vaut la chandelle. D'un côté, le Maroc gagne un partenaire privilégié qui lui permet de mieux entrevoir son ouverture sur l'économie régionale. D'un autre, la France pourra bénéficier de l'apport du Maroc en tant que plate-forme, lui permettant d'accéder aux marchés africains et arabes. C'est du moins l'avis partagé par les participants durant la rencontre de ce mercredi. Le Maroc est donc décidé à profiter de cet intérêt commun, afin de renforcer au préalable la contribution des investisseurs français au développement économique du royaume. Les huit ministres participant avec Benkirane à cet événement, se sont dans ce sens engagés «à mettre en œuvre les préalables nécessaires, notamment en matière d'amélioration de la gouvernance, du climat des affaires et de la réduction de la pression fiscale». Sur ce dernier volet, le chef de gouvernement explique que «le délai dans lequel a été établi le projet de loi de finances 2012, n'a pas permis d'apporter des changements significatifs, mais le gouvernement s'engage à en faire une priorité pour les prochains exercices». Dans les coulisses, on parle même d'une réforme de la fiscalité qui devrait voir le jour incessamment et qui permettrait à la fois d'élargir l'assiette fiscale, mais aussi de faire de la fiscalité, un attrait pour les investisseurs au lieu que ce ne soit un frein. En attendant, Nizar Baraka s'est de son côté, engagé sur l'amélioration des délais de paiement de l'administration publique et dont se sont plaints certains chefs d'entreprise présents à la rencontre. Une commission a même été créée à cet effet, sur laquelle veille le secrétaire général du ministère des Finances. Point de vue Abdelkader Aâmara, Ministre de l'Industrie, du commerce et des nouvelles technologies. «Les hommes d'affaires ont toujours besoin d'être rassurés et d'avoir de la visibilité pour le futur. C'est ce que tentent d'apporter les membres du gouvernement dans cet événement. Il s'agit de rassurer quant à la continuité des chantiers structurants du pays. Cela nous permet, de plus, d'explorer de nouvelles opportunités de partenariats, qui permettent aux hommes d'affaires français d'identifier de nouvelles pistes d'investissements. Notre pays, de par les réformes qu'il a menées et les infrastructures dont il dispose, est aujourd'hui apte à attirer davantage d'investissements. Pour ce qui est de l'industrie, les taux de croissance que nous affichons dans l'aéronautique et l'automobile, par exemple, intéressent les investisseurs. Maintenant, ce qui nous intéresse, nous, c'est d'avoir des investissements qui apportent plus de valeur ajoutée, avec notamment des chaînes de valeurs avancées, afin que l'on puisse consolider notre positionnement sur la carte régionale de ces activités. La concurrence est plus que féroce dans ces domaines et il faudrait donc renforcer l'attractivité de la destination Maroc. Pour convaincre, nous pouvons nous appuyer sur les réformes réalisées, qui instaurent une normalisation du champ politique. Or, on sait que le volet politique est le sous-bassement de l'économique, dans la mesure où il rassure quant à la stabilité de son climat des affaires».