Mastercard se réorganise. L'enseigne mondiale de la monétique se repositionne et réorganise son management à l'international. L'idée est de procéder à une décentralisation organisationnelle des centres de décision, conférant davantage d'importance et de prérogatives décisionnelles aux représentations locales. Ainsi, la région nord africaine et francophone sera désarmais directement gérée à partir de Casablanca, où siège actuellement Faissal Khdiri, Directeur régional d'Afrique du nord, de l'ouest et du centre. «Nous aurons plus de ressources, à la fois humaine et financière, pour pouvoir prendre des décisions localement», explique le responsable. Le contexte déterminant cette réorganisation est composé de plusieurs facteurs. Le premier d'entre eux s'articule autour des potentiels de croissance qui existent encore dans certaines zones comme l'Afrique du Nord, où des pays enregistrent une dynamique économique soutenue. «Pour un pays comme le Maroc, où les espèces sont utilisées à près de 90%, il est clair qu'il y a encore beaucoup d'opportunités à saisir», lance Khdiri. En second lieu, depuis cinq ans, plus de la moitié de la croissance des recettes de Mastercard se fait à l'international, au détriment des activités US, qui jadis, représentaient le cœur du business de l'enseigne. À présent, l'idée est de se concentrer sur les marchés émergents, en accélérant notamment les processus de prise de décision. Réorganiser...et reconquérir Mais, au-delà des potentiels de croissance du marché national, Mastercard a surtout des parts de marché à grignoter. Les dernier chiffres du Centre monétique interbancaire (CMI) avancent que 86% des cartes en circulation au Maroc, sont estampillées «VISA». De plus, la part du Maroc dans les activités de Mastercard, dans la région nord africaine, tourne actuellement autour des 50%, là où elle était encore, en 2007, à près de 80%. Explications ? «C'est très simple : Nous n'avions pas été très présents sur le marché», rétorque le responsable régional de Mastercard. Faut-il aussi noter le fait que d'autres marchés ont commencé à gagner en intérêt, surtout dans la région maghrébine. Toutefois, il faut savoir que Mastercard a su doubler son volume d'activités, à l'échelle nationale, tous les deux ans depuis 2006. «Un des objectifs de cette nouvelle réorganisation, d'ailleurs, est de ramener cette évolution à un rythme annuel», avance Khdiri. Le défi est lancé. Faissal Khdiri, Directeur régional Mastercard «Nous visons le leadership sur les produits de niche» Les Echos quotidien : La Tunisie constitue une plateforme en pleine évolution. Pourquoi avoir choisi le Maroc pour centraliser l'aspect décissionnel ? Faissal Khdiri : D'abord, on s'est rendu compte que l'on ne pouvait plus gérer cette région à partir de Dubaï. C'est ce que nous faisions auparavant, mais on ne pouvait plus continuer à rester à l'écart, vu l'importance grandissante de la région. C'est vrai que la Tunisie est un marché important. Le choix du Maroc répond à plusieurs critères. En plus du fait que c'était l'un des marchés à receler un important potentiel dans la région, c'est le seul pays à disposer d'une compagnie aérienne desservant un important réseau de villes en Afrique. Reste que votre part de marché locale est assez limitée, selon le CMI... Cela est tout à fait vérifié. Mais il faut relativiser. C'est-à-dire qu'il n'existe pas une seule part de marché, mais plusieurs, selon les segments. En concret, notre objectif n'est pas de devenir leader en nombre de cartes, mais de concentrer nos efforts en matière d'innovation et d'adaptation de nos offres, sur le marché local, et devenir leader sur des produits de niche, générant plus de valeur ajoutée pour toutes les parties concernées par le secteur. Nous avons, en effet, une panoplie de cartes, mais notre principal souci est d'adapter cette offre au consommateur marocain. On compte capitaliser sur des produits de niche, ainsi que le segment des transferts d'argent que nous commençons à développer. ...Et celui de l'e-commerce aussi ? C'est vrai que depuis plusieurs années on parle du commerce électronique au Maroc, mais les choses n'ont pas évolué comme le secteur l'aurait voulu. Je pense que le principal blocage est la confiance. Les porteurs de cartes ont toujours peur des fraudes et autres risques. C'est aussi le cas, de l'autre côté, chez le commerçant, qui n'a pas de garantie sur la sécurité de la transaction. C'est vrai que plusieurs solutions existent par rapport à ce volet de sécurité, mais pour ne pas être pessimiste, je pense que l'e-commerce a de l'avenir au Maroc.