Les députés de l'espace méditerranéen ont désormais une visibilité sur les principales actions aptes à sortir l'UpM du coma causé par les retombées du «printemps arabe». Les intérêts des Etats membres de l'Union reviennent en force dans le cadre de la nouvelle feuille de route que les parties ont convenu d'ici mars 2013, date de la tenue de la 9e session. Pour le Maroc, la question de l'intégrité territoriale ainsi que les relations politiques et économiques avec l'UE étaient les questions les plus urgentes à éluder durant la conférence de presse tenue, dimanche, à l'issue des travaux de la 8e session de l'assemblée parlementaire de l'UpM. Aussi, le président du Parlement européen n'y pas allé par quatre chemins pour souligner que «la clé de la résolution de la question du Sahara n'est pas à Bruxelles. Ni l'UE, ni le Parlement européen ne peuvent résoudre ce problème». La faible implication des députés de l'UE sur cette question est donc plus que confirmée à l'issue de cette session, qui n'a pas été aussi très prometteuse concernant les délais du renouvellement de l'accord de pêche. «Je suis toujours optimiste pour un renouvellement de l'accord», s'est contenté d'affirmer le président de l'instance délibérative de l'espace communautaire. Sur les autres dossiers qui minent toujours de l'intérieur le projet de l'UpM, notamment la question palestinienne, les membres de l'association parlementaire n'ont donné aucun signe concret annonçant une sortie de l'impasse. Au contraire, la question a à peine été éffleurée par le président du Parlement de Strasbourg, qui a avoué que «le printemps arabe a relégué la question à un second plan». C'est Karim Ghellab qui a mis à nouveau le doigt sur le problème central de l'Union, en insistant sur «la détention de députés palestiniens qui n'encourage guère, avec tout ce qui est usé par Israël contre le peuple palestinien résistant, qui doit absolument recouvrir sa liberté et fonder son Etat avec Al Qods pour capitale». Mobilisation Le contexte régional encore incertain au sein de la région arabe a dominé lors de cette 8e session, où ont été formulées plusieurs recommandations à court terme pour la relance des travaux des 5 commissions permanentes de l'UpM. Un accompagnement sera réservé, pour «les transitions démocratiques, au sud, alors que la deuxième priorité de l'AP-UPM est de veiller à ce que les besoins soient reflétés dans la politique européenne de voisinage», a indiqué le président du Parlement européen, ajoutant que cette «ambition doit se concrétiser dans les travaux de toutes les commissions pendant l'exercice de mon mandat. Ce qui implique des relations de travail avec le secrétariat général de l'UpM et ses secrétaires généraux, la société civile et les autorités régionales et locales, afin d'assurer l'opérationnalité du secrétariat général dans les meilleurs délais». Et le responsable de souligner que c'est justement de ce secrétariat général que dépend «le volet des contributions financières des membres et leur exécution budgétaire, pour éviter ainsi la démobilisation des bailleurs de fonds». Dixit... Martin Schulz, Président du Parlement européen «Nous sommes dans un monde qui se recompose en grands ensembles géoéconomiques intégrés, créateurs d'échanges et de croissance. Or, les conditions d'un développement durable et solidaire en Méditerranée sont connues, sont énoncées, sont étudiées, et pourtant nos gouvernements restent les otages d'une vision à courte vue et de logiques de développement nationales. Je n'éluderai ni la crise économique mondiale, ni les tensions régionales qui rythment, hélas, notre environnement quotidien. Je reste néanmoins convaincu qu'en faisant preuve de vision et de volonté politique, nous pouvons ensemble avancer concrètement dans de nombreux domaines de coopération.» Karim Ghellab, Président de la Chambre des représentants «Le Parlement marocain considère que l'UpM est une nécessité stratégique pressante. Les députés réitèrent leur ferme volonté en vue d'activer ce cadre de travail, de concertation et de mettre en place des relations équilibrées. Le contexte du travail de cette 8e session, ainsi que les thèmes débattus au sein des commissions de l'association parlementaire montrent le sérieux des députés de l'espace méditerranéen, engagés à réussir leurs missions.» Abdelawahed Radi, Président de l'Union parlementaire internationale «Nous saisissons cette occasion pour exprimer notre préoccupation quant à ce qui se passe en Syrie. Dans ce contexte, il faut saluer certaines expériences leaders, qui ont été menées au sein de plusieurs pays arabes avec à leur tête le Maroc, qui a pu répondre de manière rapide et spontanée sous l'impulsion de la dynamique de la réforme.» L'agenda diplomatique des députés Les attributions diplomatiques du nouveau Parlement sont à nouveau revenues au devant de la scène. Plusieurs options sont actuellement étudiées pour renforcer les prérogatives des députés, qui ont intérêt à vite oublier le bilan 2007-2011. Le statut de partenaire pour la démocratie, obtenu en juin 2011 auprès du Parlement européen et l'élection d'Abdelawahed Radi à la tête de l'Union parlementaire internationale, ont certes sauvé la législature précédente d'un échec cuisant, au niveau de l'implication des membres des deux Chambres dans la défense des intérêts vitaux du Maroc, auprès de ses partenaires, mais le plus important reste à faire. Les statistiques de la première Chambre indiquent que c'est toujours le partenariat avec l'UE qui s'est accaparé plus de la moitié des rencontres, des voyages ainsi que les accords bilatéraux avec les instances législatives du vieux continent. Les parlementaires marocains cherchent plus, actuellement, à élargir le rayon de leur influence et saisir en même temps le droit de siège du Maroc en tant que membre non permanent au Conseil de sécurité de l'ONU, jusqu'en 2014. Les nouvelles prérogatives constitutionnelles laissent aux députés plus de marge de manœuvre. Les deux instances législatives ont convenu de mettre en place des commissions thématiques, qui vont prévoir des mécanismes de contrôles conjoints du gouvernement sur le volet diplomatique. La nouvelle feuille de route prévoit d'activer plusieurs modes d'influence des députés, essentiellement les voyages diplomatiques, l'identification de nouveaux partenariats et l'activation de nouvelles structures exclusivement dédiées au rôle diplomatique.