La rentrée littéraire en France résonne agréablement depuis que le nom de deux auteurs marocains évoque deux prix historiques. Il s'agit de la nomination de Fouad Laroui et d'Abdellah Taïa, respectivement pour les prix Goncourt et Renaudot. Fouad Laroui est sélectionné parmi une liste de 14 auteurs qui comprend des poids lourds de la rentrée littéraire. Romancier, poète et essayiste, Laroui (52 ans) a publié plusieurs œuvres, notamment «Les dents du topographe» (1996), «De quel amour blessé» (1998), «Méfiez-vous des parachutistes» (1999) et «Le jour où Malika ne s'est pas mariée» (2009). C'est suite à sa dernière fiction parue aux éditions Julliard ( non des plus puissantes, telles que Flammarion, Albin Michel ou Gallimard), que Fouad Laroui figure sur la liste publiée récemment par l'Académie Goncourt, qui comprend notamment les noms de Michel Houellebecq «la carte et le territoire» (Flammarion), d'Amélie Nothomb «Une forme de vie» (Albin Michel), d'Olivier Adam «Le cœur régulier», et aussi de Virginie Despentes «Apocalypse bébé» (Grasset). Fouad Laroui peut, quant à lui, avoir le cœur net depuis qu'«Une année chez les français» est dans les librairies. C'est l'histoire de Mehdi, un petit marocain originaire d'un milieu modeste de l'Atlas, qui, à dix ans, et grâce à une bourse d'étude obtenue en 1970, se trouve propulsé dans l'univers sophistiqué d'un lycée international (Lycée Lyautey de Casablanca), aux antipodes de celui de sa famille. Avec un humour corrosif, le romancier marocain raconte le choc culturel que représente pour Mehdi, la découverte du mode de vie des Français : «ces gens qui vivent dans le luxe, mangent des choses incomestibles, parlent sans pudeur et lui manifestent un intérêt qu'il ne comprend absolument pas», écrit-il. Seuls deux écrivains marocains avaient remporté jusqu'à présent le Prix Goncourt, en l'occurrence, Tahar Benjelloun pour son roman «La nuit sacrée» en 1987 et Abdellatif Laâbi pour l'ensemble de son œuvre de poésie, en 2009. Fouad Laroui avait pourtant été sélectionné pour «Le jour où Malika ne s'est pas mariée», dans le prix Goncourt de la nouvelle. Sa dernière fiction, qui a été saluée par la presse et la critique, serait entre les mains des membres du jury de l'Académie Goncourt (dont Tahar Benjelloun fait partie) qui seront appelés à départager les candidats le 8 novembre prochain. Si le montant de la récompense n'est que de 10 euros, c'est un tout autre gain qui récompense le lauréat du Goncourt, puisque son oeuvre bénéficiera d'un volume de tirage très important. Sacré challenge De son côté, Abdellah Taïa, qui se retrouve parmi les 14 autres auteurs à concourir pour le 85ème Prix Théophraste Renaudot (fondé en 1927), est sur un véritable challenge. L'auteur marocain résidant en France ne figurait pas sur la première liste de candidats sélectionnés, publiée en mai dernier. Cette semaine, d'autres œuvres ont été ajoutées à celles déjà choisies, dont «Le jour du Roi». Taïa y retrace l'histoire de deux jeunes amis marocains, qu'un malencontreux incident séparera. L'un d'eux, fils d'une famille riche, a été invité à la Cour royale, lors d'une cérémonie officielle, chose qui a rendu jaloux son ami issu d'une famille pauvre. L'injustice sociale constitue le thème principal de ce roman.