La CGEM vient de décerner son label pour la responsabilité sociale à 4 nouvelles entreprises. Ce qui porte le nombre des entreprises labélisées depuis sa création en décembre 2006 à 24. Nombre qui frôle le ridicule, surtout quand on sait que le Maroc compte 5.500 entreprises, dont la moitié sont des PME. Pourquoi alors nos entreprises ne se ruent-elles pas pour l'obtention de ce label ? Manque d'engouement et insouciance pour la responsabilité sociale qui leur incombe ou rigidité des procédures ? À en croire le témoignage de ce chef d'entreprise, l'hypothèse de la raideur des procédures est écartée. «Le processus de labellisation n'a pas été du tout contraignant, ça nous a pris en tout et pour tout 3 mois pour l'ensemble du processus», lance tout de go, Moulay El Hassan Elalamy, président de Logimag, opérant dans le secteur du transport et de la logistique. «L'évaluation a porté sur des conditions de travail fortuites que toute entreprise qui se respecte doit fournir à ses employés sur une base volontaire sans qu'il y ait un quelconque besoin d'incitation ou d'encouragement», ironise-t-il. Ayant été lui-même employé pendant 36 ans dans une entreprise qui intègre la donne de la responsabilité sociétale, Moulay Hassan Elalamy a grandi dans une culture du respect des normes légales au travail. Un état d'esprit qui profite aujourd'hui à ses propres employés. Le label social vient couronner les certifications qualité. Il s'inscrit dans une continuité normale qui traduit la volonté de ces entreprises de mettre en exergue leur engagement social et environnemental. Les entreprises capitalisent sur un processus d'ores et déjà lancé lors des premières certifications. D'ailleurs, dans le cas de Logimag, une certification qualité ISO 2000 a déjà été décrochée. Les certifications qualité sont prioritaires Même son de cloche du côté d'Iberma, laboratoire pharmaceutique récemment labellisé par la CGEM. Il a été également certifié ISO 9001 et est titulaire du certificat DPS spécifique aux laboratoires. Pourquoi courent-ils alors chercher de nouvelles certifications? Les avantages accordés par le label CGEM ne sont pas, apparemment, le leitmotiv primordial à son obtention. Encore moins les avantages financiers accordés par les organismes de crédit partenaires de la CGEM. «Les privilèges accordés sont loin d'amortir le coût financier du processus de labellisation. Ce sont là des engagements et des investissements que nous réalisons et qui rentrent dans le cadre de notre politique générale orientée vers les volets social et environnemental», tient à préciser Mohammed Baraadid, responsable qualité au sein du laboratoire. Un coût global qui est divisé en deux parties. La première partie concerne l'audit pour la préparation à l'évaluation qui est menée par l'entreprise elle-même indépendamment de la CGEM et ses cabinets d'expertise accrédités. La deuxième partie quant à elle, porte sur le coût de l'évaluation de l'entreprise, tributaire du cabin et choisi, de la taille de l'entreprise et de son personnel. La fourchette d'honoraires est de 8.000 à 10.000 DH au titre de la variable jour/homme, elle est calculée sur la base des jours et du nombre d'auditeurs engagés. Il faut prévoir 3 à 5 jours d'évaluation pour les entreprises ayant moins de 50 salariés et 7 à 10 jours pour les entreprises ayant entre 50 et 200 salariés. Le référentiel du Label CGEM Le référentiel du Label CGEM est la charte de responsabilité sociale de la CGEM, adoptée le 14 décembre 2006 par le Conseil national de l'entreprise. Cette charte est définie en conformité avec les principes fondamentaux de la Constitution du Royaume et les stipulations des conventions internationales, relatives au respect des droits fondamentaux de la personne humaine, de la protection de l'environnement, la saine gouvernance, et la concurrence loyale. Elle est structurée autour de neuf axes d'engagement, à savoir le respect des droits humains, l'amélioration en continu des conditions d'emploi et de travail, les relations professionnelles et la protection de l'environnement. La prévention de la corruption, le respect des règles de la saine concurrence et le renforcement de la transparence du gouvernement d'entreprise sont également de mise, sans omettre le respect des intérêts des clients et des consommateurs, la promotion de la responsabilité sociale des fournisseurs et sous-traitants et, enfin, le développement de l'engagement sociétal. Assia Aiouch, DG d'Optimum Conseil. Les Echos : Comment s'opère une labellisation ? Assia Aiouch : Lorsqu'une entreprise s'adresse à nous pour une labellisation, nous nous basons sur trois axes. Il s'agit d'analyser l'existant en termes de pratiques de management, de gouvernance d'entreprise et de respect de la législation sociale et règlementaire. Cela se traduit par l'interview d'un panel de managers, salariés, partenaires sociaux, partenaires externes...On procède en outre à la vérification de la conformité de l'entreprise aux axes de la charte du Label CGEM. Une fois ces aspects identifiés, nous passons à l'étape d'implication du top management, afin de définir les axes de progrès sur lesquels l'entreprise peut s'engager concrètement. Y a t-il des quotas à respecter ? Aucun. Nous remettons nos conclusions d'audit à l'entreprise, qui les soumet à la commission de labellisation de la CGEM. Cette dernière analyse nos conclusions et recommandations et prend la décision ou non d'attribuer le label à l'entreprise. Quelles sont les conditions essentielles? Les critères issus de la Charte du label CGEM permettent de faire une évaluation objective de l'entreprise. Il existe toutefois certains critères rédhibitoires comme le travail des enfants, le respect de la législation sociale, la lutte contre la corruption, etc. Menez-vous des contrôles a posteriori ? Oui, il est prévu un premier retour sur expérience dans un délai ne dépassant pas les deux premières années après l'obtention du label. Pour cela, nous analysons avec les dirigeants des entreprises labellisées, la mise en œuvre des axes de progrès dans lesquelles elles se sont engagées. Nous avons déjà accompagné des PME qui emploient moins de 50 personnes, dans une logique d'amélioration continue.