Le groupe américain Electronic Arts (EA) a annoncé, en fin de semaine dernière, la cession de sa part de 15% dans Ubisoft Entertainment , le leader européen des jeux vidéo dont il était l'actionnaire majoritaire. La banque suisse UBS a été chargée de l'opération. «EA a décidé de vendre sa participation dans Ubisoft Entertainment. Nos priorités stratégiques ont changé depuis l'investissement initial», a déclaré par courrier électronique à Reuters une porte-parole du groupe américain en Europe. Pour EA, qui souhaite se concentrer sur le développement de ses activités dans les contenus et les services en ligne, cette participation n'était plus stratégique mais simplement financière. Selon Richard Beaudoux, analyste de la valeur chez Natixis Securities (..), «les derniers volumes et la montée récente du cours d'Ubisoft, de +15% suite à la préannonce du CA T1, ont montré qu'il y avait de l'appétit pour la valeur. EA s'est probablement dit qu'il s'agissait d'un moment opportun pour clarifier sa situation», précisant que jamais Ubisoft et EA n'étaient parvenus à s'entendre sur la stratégie ni sur un prix de rachat. L'analyste ajoute, par ailleurs, que ce désengagement était attendu compte tenu du recul des droits de vote d'EA en mars dernier. «EA a perdu ses droits de vote doubles suite à des reclassements internes (passant de 23,5% à 13,2% de droits de vote), ce qui montrait déjà qu'il cherchait à vendre sa participation», explique-t-il, jugeant l'opération positive pour Ubisoft qui retrouve davantage de liquidité et de liberté de décision dans sa stratégie. De son côté, un trader estime ce désengagement «négatif à première vue», Electronics Arts étant vu comme un acheteur «naturel» d'Ubisoft. «D'un autre côté, cela peut ouvrir la porte à de nouveaux investisseurs qui ne voulaient pas entrer dans le capital d'Ubisoft et faire bouger les choses tant que EA détenait 15%», nuance-t-il. Plusieurs noms d'investisseurs potentiels sont cités régulièrement comme le groupe Disney ou le fonds d'investissement Elevation Partners, connu pour son association avec le chanteur Bono du groupe U2. Rentré au capital du créateur des jeux à succès Assassin's creed ou encore Prince of Persia, en 2004, à travers une opération non sollicitée, EA cède sa place de premier actionnaire à la famille Guillemot qui en mai détenait 11,3% du capital du groupe selon les données Thomson Reuters. L'éditeur de jeux vidéo a publié mardi un chiffre d'affaires en hausse de 93% à 160 millions d'euros pour son premier trimestre 2010-2011 (avril-juin), une performance nettement supérieure à l'objectif de 145 millions annoncé par le groupe le 18 mai.