«D'ici 2020, les pays arabes devront créer près de 40 millions d'emploi pour absorber le chômage, dont le taux est le plus élevé au monde en dépit d'une expansion continue dans le secteur privé et d'une baisse de 0,6 points sur 18 ans (14,3 % en 1990 à environ 13,7% en 2008)», lit-on dans une étude réalisée par le Fonds monétaire arabe. Selon la même source, «cette situation nécessite une intensification des réformes pour stimuler la croissance économique et assurer des emplois pour les chômeurs, surtout les jeunes». Pour l'Organisation arabe du travail (OAT), la situation est plus critique qu'elle ne paraît. Le nombre de chômeurs dans la région a dépassé les 20 millions et en l'absence de réformes, ce nombre passera à 100 millions d'ici 2020. Par ailleurs, une ventilation a montré que les plus faibles taux de chômage sont le lot des pays membres du GCC (conseil de coopération du Golfe), qui siègent au sommet de 45% de la richesse mondiale générée par pétrole, avec le Qatar en tête de liste (0,5% comme taux de chômage). Suivi par le Bahreïn à 1,2%, le Koweït à 1,3% et les Emirats Arabes Unis à 3,7%. Les taux de chômage moyen ont été de 8,2% au Liban, 8,4% en Syrie, 8,8% en Egypte, 9,6% au Maroc et 10% en Arabie saoudite et en Libye. Tandis que Djibouti a le plus fort taux de chômage qui s'élève à 59%, la Somalie affiche un taux de 25% , la Mauritanie de 22%, la Palestine de 21,6% et un taux de 15,9% est observé en Iraq et au Yémen. L'étude déclare aussi que la création de ces emplois ne serait pas facile après la fin du deuxième boom pétrolier survenu entre 2002 et 2008, ajoutant que la hausse des recettes d'exportation de brut ont largement stimulé la croissance dans le Golfe et d'autres producteurs de pétrole arabes et dans le même temps augmenté les transferts financiers dans les pays arabes non pétroliers. «L'amélioration au cours des dernières années a été principalement le résultat d'une grande participation du secteur privé ... En revanche, l'évolution économique des pays arabes a montré que ces derniers ne disposent pas de politiques budgétaires flexibles, car tributaires des ressources limitées, dont le pétrole ... les rendant d'avantage vulnérables face aux fluctuations des marchés ... de plus, l'accumulation de la dette interne dans un nombre croissant d'Etats arabes est susceptible d'aggraver leur situation financière. Dans certains pays, la dette a atteint des niveaux alarmants qui consomment une grande partie des recettes publiques et affectent gravement les dépenses de développement ... C'est un obstacle à la croissance économique et aux efforts déployés visant à améliorer le niveau de vie et à créer des emplois pour leurs citoyens (...) Maintenant que le boom pétrolier est terminé, la création d'emplois sera très difficile ... Cela devrait inciter les pays arabes à intensifier les programmes de réforme, qu'ils ont lancés au cours des années 1980 et 1990 ... d'autant plus que le besoin en efforts pour améliorer l'environnement commercial et d'investissement dans la région est des plus crucial pour encourager le secteur privé à s'implanter, seule bouée de secours permettant de résorber le chômage». Une réticence pour intégrer le privé Dans une autre étude, la Commission économique et sociale pour l'Asie occidentale de l'Organisation des Nations Unies, met également en cause ce qu'elle appelle la mauvaise performance économique, la forte croissance démographique et la planification inadéquate. Mais elle cite d'autres facteurs dans les pays du Golfe, y compris la préférence du secteur public. «Dans le Golfe, un autre problème vient aggraver la situation. Les citoyens arabes sont de plus en plus réticents à occuper des emplois techniques et productifs et leur préfèrent les emplois de bureau administratif ou de surveillance, ... leur penchant pour le secteur public est également un sérieux problème susceptible de creuser l'écart ... la préférence par les employeurs du privé, de l'expatrié moins coûteux est un autre obstacle».