Saïd Ibrahimi, Directeur général du Moroccan Financial Board. Les Echos quotidien : Le gouverneur de Bank Al-Maghrib a évoqué l'introduction d'un chapitre sur la finance islamique dans CFC. Qu'en est-il ? Saïd Ibrahimi : En effet, le gouverneur a parlé de l'introduction d'un chapitre sur la banque islamique, mais dans le cadre de la réforme de la loi bancaire. Pour ce qui est de CFC, le statut est octroyé à toute institution qui a l'agrément de banque et qui n'est pas dans le retail banking, peu importe qu'elle soit islamique ou pas. Qu'avez-vous à dire aux entreprises africaines qui veulent bénéficier d'un double listing à Casablanca? Que Casablanca Finance City favorise ce genre d'initiatives. Pour les entreprises qui entendent bénéficier d'un double listing, il y a des pré-requis techniques et réglementaires, notamment en ce qui concerne l'harmonisation financière. Nous avons déjà une expérience intéressante avec une entreprise tunisienne cotée à la Bourse de Casablanca. Il faut que les entreprises africaines prennent conscience qu'elles ont près de chez elles, en tout cas plus près que Paris ou de Londres, une place financière qui a toutes les caractéristiques d'une place internationale, avec les meilleurs standards internationaux et qui peut leur offrir ce qu'elles souhaitent en matière de levée de capitaux. À ce niveau là, nous devons faire connaître l'offre Maroc. Quelles sont les actions de promotion que vous mettez en place à destination de ces entreprises ? Vous savez que la Bourse de Casablanca a déjà organisé une caravane de la Bourse au Maroc, mais aussi en Afrique. Au niveau de la place financière, nous nous assurons que les pré-requis techniques et réglementaires sont là pour que la Bourse puisse opérer. Aussi, nous travaillons pour mettre en place un compartiment devises, dédié justement à ces entreprises. La place de Casablanca peut-elle briguer le statut de Bourse régionale ? Notre volonté à la place financière de Casablanca est de faire de celle-ci un hub pour la région, c'est-à-dire pour le grand nord-ouest africain. Nous voulons desservir toute l'Afrique francophone, l'Afrique centrale et quelques enclaves anglophones qui sont le Nigéria et le Ghana, etc. Nous voulons que la Bourse de Casablanca soit une plateforme d'échange et de financement pour toute cette région. Evidemment, la mise en œuvre de cette ambition est un processus complexe, qui n'a pas d'effet immédiat. C'est un projet sur le moyen et long termes. Aussi, nous travaillons pour que tous les pré-requis réglementaires et institutionnels soient opérationnels et efficaces, afin d'être en mesure d'attirer les détenteurs de capitaux. En parallèle, l'écosystème que nous créerons attirera inévitablement les entreprises qui ont des besoins de financement. Quelle est la principale condition pour permettre une double cotation des entreprises africaines ? Pour qu'il y ait une double cotation, il faut avoir une coordination entre régulateurs des marchés boursiers, donc duCDVM et de ses homologues. Une entreprise qui veut lever des capitaux en Bourse doit offrir une certaine transparence. Celle-ci est garantie par le régulateur du pays en question. Il est donc important qu'il y ait des accords entre régulateurs et surtout une reconnaissance mutuelle. Lire aussi : L'intégration financière, une priorité