Beaucoup a été dit sur les finances publiques durant une année 2011 marquée, au gré des mois, par un creusement du déficit public. Aujourd'hui, l'heure des comptes a sonné. La trésorerie générale du royaume vient en effet de publier les statistiques des finances publiques à fin 2011. Les chiffres confirment la tendance constatée dans les dernières publications statistiques émanant du département des finances et notamment les dernières en date, qui reprennent la situation à fin novembre dernier. Ainsi, les dépenses ordinaires ressortent en hausse de 22%, résultant en grande partie, comme l'on pouvait s'en douter, des charges de compensation qui ont atteint 41,1 MMDH (MMDH), contre seulement 15,9 milliards un an auparavant. Au registre de l'évolution des dépenses ordinaires, il convient aussi de noter la hausse des dépenses de personnel de 10,3%, celle des charges d'intérêts de la dette de 2,9%, ainsi que la baisse des autres biens et services de 1,5%. Quant aux dépenses d'investissement, elles ont connu une quasi stagnation, à 0,6%, passant de 50,3 milliards à fin décembre 2010 à 50,6 MMDH à fin décembre 2011. Des recettes portées par les impôts Ces chiffres pèsent lourd sur les finances du royaume, mais la situation aurait pu être bien plus dramatique si les recettes ordinaires n'avaient pas aussi connu un bond en avant. Certes, la hausse de ces dernières, est sans commune mesure avec celle des dépenses mais la progression de 9,7% reste plus qu'honorable. Cette hausse est due tant à la progression des impôts directs de 7,8% que de celle des impôts indirects de 8,1%. La progression des impôts directs s'explique pour l'essentiel par l'augmentation des recettes de l'IS de 14,6% qui résulte notamment du versement par l'OCP d'environ 3 MMDH en 2011, alors qu'il n'avait rien versé en 2010 et de la réalisation de plus values sur cession de Méditel. De son côté, la progression des impôts indirects résulte essentiellement de la hausse de 14,8% de la TVA à l'importation, de 3,6% de la TVA intérieure et des droits d'enregistrement et de timbre, de 5,8%. Toutefois, la bonne tenue des recettes fiscales n'explique pas tout en ce qui concerne la progression des recettes ordinaires. En effet, la réalisation de 5,3 MMDH au titre de la cession de 20% du capital de la BCP a aussi été d'un grand secours. D'un autre côté, l'OCP qui s'est acquitté de 3 MMDH au titre d'impôts directs, a aussi versé 3 autres milliards de DH au titre de dividendes, contre seulement 1 milliard un an auparavant. In fine, le Trésor ressort avec un solde ordinaire positif de 5,9 MMDH contre un solde positif de 22,5 milliards à fin décembre 2010. Le déficit du trésor ressort, quant à lui, à 42,3 MMDH, compte tenu d'un solde positif de 2,4 milliards dégagé par les comptes spéciaux du Trésor, contre un déficit du Trésor de 28,4 MMDH un an auparavant. Aussi, hors recettes de privatisation, le déficit s'établit à 47,6 MMDH. Des dépenses qui explosent Par ailleurs, les dépenses du budget général ont atteint 249,6 MMDH à fin décembre 2011, en hausse de 14,5% par rapport à leur niveau à fin décembre 2010. Cette hausse s'explique par l'augmentation de 24,6% des dépenses de fonctionnement, de la stagnation des dépenses d'investissement, +0,2%, ainsi que de la baisse de 4,7% des charges de la dette. Dans le détail, les dépenses de fonctionnement se sont établies à 167,5 MMDH, dont 88,6 milliards ont concerné les traitements et salaires. Aussi, les salaires servis à fin décembre 2011 ont atteint 88,6 MMDH contre 80,3 milliards une année auparavant, soit une augmentation de 10,3% en raison notamment de l'impact de la hausse des salaires de 600 dirhams décidée dans le cadre du dialogue social, avec effet à partir de mai 2011 et qui s'est élevée à 4,6 MMDH. Les salaires servis par le centre national des traitements se sont établis à 79,1 MMDH, en augmentation de 11,3% par rapport à leur niveau à fin décembre 2010, en raison de l'accroissement de la masse salariale structurelle et des rappels de 11,2% et de 12,4% respectivement. En outre, les charges communes ont augmenté de 99,5%, sous l'effet de la hausse des charges de la compensation, qui comme nous l'avons vu, ont atteint 40,6 MMDH, contre 15 milliards un an auparavant. Sempiternelle compensation En fait, les émissions au titre de la compensation se sont établies à 43,1 MMDH, dont 40,6 milliards imputés sur les charges communes de fonctionnement, 2 milliards imputés sur les charges communes d'investissement et 479 millions de dirhams sur le compte spécial du Trésor intitulé «Fonds de soutien des prix de certains produits alimentaires». Enfin, les charges en intérêts de la dette ont atteint 17,5 milliards à fin décembre 2011, contre 17 milliards un an auparavant, soit une hausse de 2,9%. Cette augmentation s'explique par la hausse des charges en intérêts de la dette extérieure de 31,1%. L'augmentation des intérêts de la dette extérieure résulte notamment du paiement de 503,8 millions de dirhams au titre de la 1ère échéance en intérêts de l'emprunt de 1 milliard d'euros, contracté en octobre 2010 auprès du marché financier international. Il faudra peut être recourir à une autre sortie à l'international pour juguler la situation des finances publiques, à moins de retrouver d'ici là l'équilibre entre recettes et dépenses de l'Etat.