Treize ans, déjà, que le festival Gnaoua fait porter, une semaine durant, la chéchia à Mogador. Treize ans, aussi, que cet évènement, devenu un rituel pour plusieurs amoureux de musique, qui sont également devenus amoureux de la ville sous le ciel de laquelle il se déroule, se perpétue. Et pour cette treizième année, donc, de grands préparatifs, à l'image de ceux qui sont engagés chaque année, sont entamés. Immersion dans l'âme d'Essaouira Quelques jours avant que le premier coup de guembri de ce festival ne soit donné, les organisateurs déroulaient la liste des présents. Une célébration du soufisme purement accomplie sera à l'ordre du jour cette année. Ainsi, le festival a pioché dans le must du soufisme pour s'habiller en Shalwar qameez (costume traditionnel pakistanais). Venant du Pakistan, c'est entre les remparts de la cité des alizés que le célèbre prêcheur de la musique Qawwal et élève de l'icône Nusrat Fateh Ali Khan, Faiz Ali Faiz, chantera le soufisme pakistanais à son état pur, les 25 et 26 juin courant. Il sera accompagné, donc, par Titi Robin, cet artiste autodidacte influencé par les rythmes gitans et orientaux, qui a déjà à son actif de grands concerts de par le monde. Ils avaient déjà eu l'occasion de jouer ensemble, avec Faiz Ali Faiz, et il avait déjà eu celle de faire parler ses cordes sur les planches du festival Gnaoua en 2006 en signant une prestation des plus réussies avec Maâlem Abdenbi. Pour cette édition c'est dans le cadre d'une fusion prévue avec les Issaoua de Meknès qu'accordéons, rababs, bouzouq, tablas... ne parleront plus qu'un seul langage, celui de la spiritualité, de l'âme tout court. Mais pas seulement cela, puisqu'un autre grand nom du soufisme sera aussi présent. Il s'agit du non moins illustre Youssef Dhafer, virtuose du luth et vocaliste tunisien qui se produira, le 26 juin, à la scène Moulay Hassan. Il mariera ainsi encore une fois le caractère spirituel à la fougue d'un jazz des plus sulfureux. Aux portes des remparts D'autres voix seront également portées par les vents de la cité des alizés pendant la durée du festival. Un an après avoir majestueusement clos la précédente édition, le Maâlem Hassan Boussou reviendra sur la scène de Moulay Hassan qu'il partagera avec l'Armenian Navy Band, jeudi 25 juin. Et le lendemain, ce sera au tour du Maâlem Saïd Ouressan, du trio d'Avilano Horacio et d'autres. Cela avant que le Maâlem Abdelkabir Merchane, accompagné de Brahim Terkmani, Oussama Chraibi et Amir Ali, ne prennent la relève de Faiz Ali Faiz et Titi Robin sur la même scène. Samedi 26 juin, les amoureux du pur «hejhouj» gnaoui vibreront aux transes profondes d'un Maâlem Mustapha Bakbou que le temps n'use guère, accompagné par la troupe de danse Step Africa pour enchanter, et chanter, un spiritualisme des plus poignants. Un avant-goût d'une autre transe musicale qui attend le public, le lendemain sur la même scène, avec le Maâlem Hamid El Kasri. De l'autre côté de la ville, des milliers de festivaliers venus des quatre coins du monde se réuniront comme à l'accoutumée devant une fusion des musiques et cultures. Vendredi 25 juin, rencontre entre la tradition de la transe aux sonorités africaines (toucouleur, wolof ou pular...) de Daby Touré. La veille de la clôture, le festival offrira aux inlassables fans de l'ex-leader de Gnawa Diffusion, Amazigh Kateb, une fusion des plus exceptionnelles avec le Maâlem Abdeslam Alikane. Mais avant cela, c'est entre le Maâlem Aziz Bakbou, Abderrahim Souiri, Daniel Zimmerman et Vahagn Hayrapetian que les rythmes emporteront les foules. Au fond... des ruelles Qu'il est bon de se perdre dans les ruelles de la médina durant les quatre jours du festival. Au détour d'un vieux riad, des airs des transes viendront jusqu'à vous pour vous entraîner vers les lilas. De Dar Souiri à la Zaouia Gnaoua, en passant par Chez Kebir et Zaouïa Hmadcha, des spectacles éclectiques vous attendent. Une coutume du festival qui depuis treize années déjà réunit les Maâlems et leurs koyos, aux passionnés de cette musique ancestrale.