Originaires de toutes les régions du Royaume, les adeptes du rythme convergent en ces jours vers Essaouira à l'occasion de la 13-ème édition du festival gnaoua et musique du Monde qui s'ouvre jeudi dans la cité des Alizés. Par Abdellatif Touzani Depuis sa création en 1998, le festival d'Essaouira a conféré une dimension internationale à la cité des Alizés et a présenté l'exemple de la réussite au-delà des frontières marocaines par sa philosophie de métissage, de fraternité et d'ouverture sur les autres cultures du monde. Ainsi, durant quatre jours (du 24 au 27 juin), la magie et le mystère de l'atmosphère gnaouie règneront sur la médina, qui vibrera au rythme des tambours, des crotales et autres guenbris, en invitant les célébrités les plus prestigieux du monde de la musique et de la chanson gnaouies. La renommée du festival se doit aussi à sa fusion musicale entre artistes et public, à l'intégration de tous les courants d'expression et de créativité avec une originalité qui tient au brassage des cultures et à l'intensité des rencontres. Pour l'édition 2010, le festival réserve de nombreuses surprises à son public cosmopolite. Ainsi, huit scènes sont dédiées à l'épanouissement des musiciens et du public du festival, où l'on peut voir et écouter à la fois les musiciens gnaoua, seuls avec des musiciens étrangers, ainsi que des artistes et groupes étrangers, dignes représentants de ces musiques du monde. Tous venus présenter leur répertoire à Essaouira dans le cadre d'un métissage musical inédit, ainsi que des confréries et groupes folkloriques aux répertoires sacrés et populaires. L'électronique prend également ses quartiers au sein du Festival Gnaoua et Musiques du Monde, en bord de plage. Une démarche artistique devenue incontournable dans le renouveau des musiques traditionnelles et dans le paysage musical international. +Les gnaoua à la rencontre du monde+ Toujours dans le même esprit d'innovation, le festival proposera cette année des créations musicales uniques issues de nouvelles résidences entre maâlems gnaoua et artistes world. Fruit d'une complicité qui rassemble les musiciens, ces spectacles dévoilent un dialogue subtil, sans barrières linguistiques. Pour que danse rime avec musique, ces chorégraphies-fusion s'articuleront autour des musiques du monde pour créer un spectacle d'un genre nouveau au festival. Le concert d'ouverture figure parmi les principales résidences d'artistes et l'un des temps forts de cette édition. Il réunira la troupe du Sukhishvili national ballet de Géorgie qui compte dix danseurs et les frères maâlems Mohamed et said kouyou : une rencontre inédite qui aura pour toile de fond les impressionnantes chorégraphies balkaniques épousant pour la première fois les danses ancestrales des gnaoua. Autre résidence d'artistes mêlant chant et danse, celle qui rassemblera le maître reconnu de la fusion, maâlam Mustapha Bakbou et les douze danseurs de Step afrika, la célèbre troupe américaine de Stepping : un art chorégraphique afro-américaine qui utilise le corps comme un instrument d''expression. Ce concert fera vibrer en chant, en rythme et en danse la scène Moulay Hassan le samedi 26 juin. Pour sa part, le chanteur emblématique algérien Amazigh Kateb sera la vedette de la troisième résidence d'artistes, aux cotés de maâlem souiri Abdeslam Alikane. Outre ces résidences d'artistes, plusieurs concerts-fusion enrichiront la programmation de cette édition, ainsi que des concerts de maâlems gnaoua de groupes et d'artistes reconnus marocains et étrangers, tels que Fatima Tabaâmrant, le Pakistanais Faiz Ali Faiz et le trio de jazz Horacio, Garrisson et Kinsey. L'autre particularité du festival réside dans la programmation de lilas classiques qui draineront un public épris de la musique gnaouie dans sa plus pure tradition. Par ailleurs, les scènes des partenaires du festival ont invité des groupes de la nouvelle génération et de la scène électro mêlant différentes influences musicales et attirant un public de dizaines de milliers de jeunes. Au total, le festival prévoit 58 concerts animés par plus 300 artistes, dont 23 maâlams gnaoua, ainsi que 5 ateliers de débats et de rencontres sur la musique gnaoua, outre un spectacle de fantasia en ouverture. Une édition qui promet une programmation en harmonie avec la tradition du festival mais aussi des innovations artistiques pour que la musique gnaouie continue d'avancer sereinement sur la voie de la pérennité. Fort de ses treize années d'existence, le festival aborde un nouveau tournant et offre à la musique gnaoua et musiques du monde la place qu'elle méritait dans le paysage musical mondial. Une ébullition artistique qui porte aujourd'hui ses fruits avec la venue de nouvelle génération de maîtres gnaoua sur le devant de la scène.