Evoluant dans un contexte difficile marqué par la décélération de la croissance économique nationale, l'activité du crédit bancaire est restée atone au cours de l'exercice 2018. Pourtant, les banques de la place ont pu enregistrer des revenus et des bénéfices en hausse, préservant ainsi leur niveau de rentabilité à fin 2018. Bank Al-Maghrib vient de présenter son 15e rapport annuel sur la supervision bancaire relatif à l'exercice 2018. Celui-ci retrace les principales réalisations et l'ensemble des actions menées par la Banque centrale en termes de réglementation bancaire, de surveillance micro-prudentielle et de protection de la clientèle des établissements de crédit. Il porte essentiellement sur l'évolution de l'activité et de la rentabilité des établissements de crédit et organismes assimilés ainsi que des risques encourus. Courant 2018, le paysage bancaire marocain a connu de nombreux changements même si le nombre d'établissements financiers semble s'être stabilisé à 86. Les 32 sociétés de financement recensées en 2017 se limitent aujourd'hui à 28 en raison de l'opération de fusion-absorption de 2 sociétés de crédit à la consommation (Salafin et Taslif) qui a été actée l'année dernière. En parallèle, 3 sociétés de financement qui étaient spécialisées dans la gestion de moyen de paiement ont été finalement agréées pour exercer les services adossés à des comptes de paiements, ce qui a permis d'augmenter le nombre d'établissements de paiements qui s'élevaient à 9 à fin 2017. «D'autres agréments ont été accordés en 2018 et même en ce début d'année, ce qui équivaut actuellement à la présence de plus de 17 établissements de paiements sur le marché», explique Hiba Zahoui, directrice de la supervision bancaire à Bank Al-Maghrib. Quant aux 24 banques recensées (conventionnelles et participatives), celles-ci continuent de jouer leur rôle d'inclusion financière malgré un ralentissement du nombre d'agences sur le territoire marocain. Une progression limitée de 1,8% à 6.503 agences a été relevé en 2018. Sachant que les ouvertures d'agences connaissaient une évolution de plus de 9% entre 2007 et 2013 et de plus de 4% entre 2013 et 2017. «Une décélération qui reste en lien avec le développement des canaux digitaux, notamment à travers le site internet et les applications mobiles», souligne Zahoui. Elle ajoute aussi que ces agences seraient désormais plus axées sur le conseil que sur la commercialisation des produits. Une transformation qui passe également par les guichets automatiques puisque ces derniers devront laisser place à une nouvelle génération de GAB «multiservices» et ceci afin de limiter l'accès aux agences. Ceci étant, le nombre de comptes continue sa progression pour atteindre 27 millions de comptes à fin 2018. Ce qui porte le taux de détention de comptes bancaires (nombre de particuliers ayant au moins un compte bancaire rapporté à la population adulte) à 60% majoritairement détenu par les hommes et par la tranche des 25 ans et plus. Par contre, les dépôts de la clientèle ont totalisé seulement 928 MMDH au terme de 2018, soit en repli de 2,9% par rapport à l'exercice précédent (contre une hausse de 5,5% en 2017). L'activité bancaire est restée ainsi atone dans un contexte difficile marqué par une décélération de la croissance économique nationale. En témoigne l'encours des crédits à la clientèle qui a connu une hausse de 6,5% à 864 MMDH servis en 2018 (+3,3% hors financement du crédit TVA), porté essentiellement par les ménages (+4,1%) et non par les entreprises privées qui ont fait quasiment du surplace en un an. D'ailleurs, le crédit à l'équipement a confirmé sa décélération cette année avec une évolution d'à peine 4% contre 11,4%, l'année précédente. Le crédit à la promotion immobilière s'est réduit quant à lui de 2,7% contre une hausse de 5,1% en 2017. Par ailleurs, les banques de la place parviennent tout de même à enregistrer des revenus en hausse de 2,7% à 47,2%, portés essentiellement par une marge d'intérêt (72%) suivie de loin par la marge sur commissions (15%) et le résultat des opérations de marché (13%). «Cette dernière composante a connu une baisse de régime cette année en raison de la hausse des taux obligataires», explique Zahoui. De son côté, le résultat net s'est également illustré en amélioration de 2,9% à 11,1 MMDH avec un coût du risque en légère hausse à 32,8% (contre 28,7%). Le secteur bancaire a pu au final sortir son épingle du jeu en préservant sa rentabilité grâce à son modèle d'activités diversifié aux plans sectoriel et géographique. Le secteur a conservé le même niveau de rendement que sur les cinq dernières années. Sur base consolidée, les neuf groupes bancaires ont réalisé un résultat net part du groupe en hausse de 4,4% à 14 MMDH dégageant une rentabilité des actifs de 0,9% et des fonds propres de 10,8%, note le rapport. Au plan de la capitalisation, les fondamentaux des banques sont demeurés robustes, dégageant, sur base sociale, un ratio de solvabilité de 14,7% et un ratio de fonds propres de catégorie 1 de 10,9% au-dessus des minimas réglementaires de 12% et 9% respectivement. On note par ailleurs une atténuation du taux des créances en souffrance à 7,3% et à 65,3 MMDH. Ceci étant, la Banque centrale est restée attentive à la qualité des portefeuilles crédits des banques et à leur provisionnement. Elle a également consolidé sa surveillance transfrontalière en collaboration avec les autorités de supervision des pays d'accueil et a renforcé le cadre de supervision des risques de marché et de taux d'intérêt global, en accompagnement de la réforme du régime de change.