Une marche est prévue ce jeudi à Rabat à laquelle les étudiants ingénieurs se joindront. Le spectre d'une année blanche plane alors que les étudiants maintiennent la pression jusqu'à la mise en oeuvre des réformes promises. La coordination des étudiants en médecine a maintenu son mot d'ordre de grève, observée depuis le 25 mars dernier, hier à Rabat lors d'une conférence de presse. Après neuf semaines de blocages, les choses ne semblent pas vouloir se désamorcer alors qu'une marche de protestation est prévue ce jeudi à Rabat. Et à partir de lundi dernier, les étudiants en 7e année boycottent les stages dans les hôpitaux régionaux et provinciaux sur deux semaines. Fait marquant : les étudiants ingénieurs ont annoncé leur participation à cette marche nationale qui prend de l'envergure. Elle ne manquera pas de donner du fil à retordre pour le ministère de l'Education qui redoute que d'autres fronts de contestation estudiantine s'ouvrent ici et là. Droit dans ses bottes, Ayoub Aboubaigi, coordinateur national des étudiants en médecine, annonce la couleur : «il n'y aura pas de répit tant que les revendications ne seront pas sérieusement prises en considération par les départements de l'Education et de la santé». Réagissant aux accusations d'infiltration politique de la coordination, le jeune responsable a réaffirmé le caractère indépendant du mouvement tout en insistant sur la procédure démocratique de prise de décision qui fait participer les bureaux élus au sein des différentes facultés de médecine à travers le Maroc. Ne redoutant nullement une année blanche, les grévistes ne la souhaitent pas non plus. Une année de perdue reste un coup dur pour ces étudiants qui passent de longues années à étudier. La rencontre du 14 mai que la coordination a eu avec les responsables des deux départements concernés et les doyens des facultés de médecine et de médecine dentaire n'aura donc pas été un point d'inflexion. Le projet d'accord ne répond pas à la majorité des attentes, a expliqué Aboubaigi, qui regrette que certaines décisions n'aient pas été suivies de mise en oeuvre. Ce projet a été présenté aux étudiants le 17 mai et suite au vote, 91% étaient contre. Les grévistes refusent aussi que les étudiants en 7e année servent à combler le défi cit dans les hôpitaux régionaux souvent dans des conditions déplorables. Le manque de matériel médical, les conditions d'hygiène et l'accueil des patients contribuent à faire de ce service «forcé» une mauvaise expérience. Parmi les revendications pressantes figure la promulgation des textes concernant le nouveau système d'enseignement de la médecine. Il doit représenter une coupure avec l'ancien système qui fait l'objet de critiques de la part des étudiants. Les étudiants en médecine sont aussi contre le fait que les étudiants du privé aient accès au concours du résidanat. Ils estiment que les facultés de médecine privées doivent garantir des structures d'internat et de résidanat à leurs étudiants parce qu'ils paient le prix fort pour avoir accès à des études en médecine dont l'accès dans le public a nécessité des moyennes exceptionnelles de plus en plus élevées. Toutefois, selon un responsable au sein de la coordination, il y a un fort sentiment chez les étudiants selon lequel les deux ministères pencheront du côté des facultés privées. Ces dernières, dévoilent-on, sont en train de vider les facultés publiques de leurs enseignants. Ce phénomène est palpable dans le service d'ophtalmologie, est-il confié. Ils sont de plus en plus nombreux ces enseignants qui démissionnent pour rejoindre l'herbe plus verte du privé. La situation est encore moins reluisante pour les étudiants en médecine dentaire. Ils sont aussi appelés en renfort après la sixième année pour colmater les brèches dans les régions.