Le président sortant, Karim Tazi, sera opposé à Mohamed Boubouh, qui a décliné son programme le 16 mai dernier. C'est dans un mois (18 juin 2019) que se tiendront les élections de l'Association marocaine de l'industrie du textile et de l'habillement (AMITH). L'association qui fédère 774 adhérents sur les 1.612 entreprises de textile au Maroc a été présidée pendant 3 ans par Karim Tazi, dirigeant de Folly Fashion. Ce dernier a donc décidé de se représenter avec comme binôme Abdelhai Bessa, pdg de Somitex. Le président sortant devra croiser le fer avec Mohamed Boubouh de BBH Holding, qui aura pour binôme Jalil Skalli, DG de Palmeraie Indus. Un duo qui a présenté son programme ce 16 mai. «Les exigences de nos clients sont de plus en plus fortes sur le plan économique, sociétal et environnemental, marquées aussi par un manque de visibilité dans un contexte vulnérable et incertain. Dans cette incertitude, le secteur textile habillement doit se prendre en charge et construire l'avenir main dans la main avec l'administration», explique Boubouh. Parmi les principales mesures détaillées lors du meeting organisé par le binôme figurent l'élaboration d'un dispositif incitatif pour «encourager les investissements en amont et renforcer l'intégration verticale de la filière», améliorer l'accès aux marchés (Règles d'origine UE et USA), accompagner le passage de la sous-traitance à la cotraitance et au produit fini (sourcing matières, capacités créatives, financement…), militer pour une fiscalité réduite en ligne avec le principe de la neutralité, intensifier les actions de lutte contre la contrebande, «intensifier les efforts pour la mise en place de mesures de défenses commerciales, que ce soit en termes de barrières tarifaires (prix de référence, droits de douane) ou non tariaires (contrôle aux frontières)» et mettre en oeuvre une stratégie de communication pour le «made in Morocco». Un programme ambitieux mais qui n'empêche pas que la candidature de Boubouh soit l'objet de critiques notamment liées à un «manque d'expérience». Il plaide également pour un déplacement du siège de l'AMITH à Tanger où siège l'entreprise qu'il dirige. Une initiative qui n'est pas du goût des professionnels. «Ce type de décisions doit être pris en conseil d'administration», précise le concerné, lequel ajoute que le débat doit être constructif et national tout en sachant qu'il y a des particularités pour chaque région. «Notre rôle principal est d'instaurer les règles de bonne gouvernance et implanter la culture d'un process de décision collaboratif et profiter de notre intelligence collective », précise de son côté son binôme Skalli. De son côté, Karim Tazi n'a toujours pas présenté de programme précis. Toujours dépasest- il que sa proposition relative à l'intégration des petites unités de production informelles en leur accordant un cadre juridique, fiscal et social simplifié est en voie de mûrissement auprès de l'Exécutif puisque les Assises de la fiscalité ont répondu favorablement en insistant sur la mise en place d'une politique globale et cohérente de l'intégration de l'informel. Ce dernier est considéré comme le plus grand obstacle face au décollage définitif du secteur. Dans le contexte de crise économique qui a touché ses principaux partenaires (notamment l'Espagne et la France qui absorbent près de 60% des exportations du secteur), le textile a fait preuve de résilience. En vue de tirer un meilleur profit de ses potentialités et d'y asseoir une croissance pérenne, l'Etat a développé une vision globale, intégrant aussi bien l'export que le marché national, un objectif poursuivi dans le cadre du Plan d'accélération industrielle 2014- 2020. Un appui soutenu sera particulièrement porté à l'émergence d'un amont textile compétitif et innovant afin de drainer davantage d'IDE, notamment chinois et de développer des partenariats gagnants-gagnants.