C'est la guerre de tranchées. Les syndicats appuient les enseignants contractuels dans leur unique requête d'intégration dans la fonction publique alors que le gouvernement affiche un niet catégorique face à cette doléance. Le risque d'une année blanche n'est pas exclu. Le conflit social dans l'enseignement n'est pas prêt de finir. Les deux parties se regardent en chiens de faïence tandis que des milliers d'élèves sont privés de cours. Le dialogue avec les syndicats les plus représentatifs sur le dossier des enseignants contractuels mené le week-end dernier par le ministre de l'Education nationale n'a pas abouti comme espéré par El Othmani. Le statut quo perdure alors que les mouvements de grève paralysent l'école publique. Les syndicalistes soutiennent les enseignants contractuels. La même requête est réitérée : l'intégration dans la fonction publique. Vont-ils finir par faire plier le gouvernement ? L'Exécutif a reconnu les dysfonctionnements qui émaillent le statut, objet de la discorde et s'est s'engagé sur son amendement. Sauf que quelle que soit la réforme proposée du statut des enseignants-cadres des académies, le gouvernement continue son dialogue de sourd. Les défis sont de taille Amzazi appelle les enseignants à prendre en considération l'intérêt des élèves alors que les syndicats et la coordination des enseignants contractuels estiment que la balle est dans le camp du gouvernement. L'avenir des élèves est aujourd'hui en jeu. Le spectre d'une année blanche plane sur les établissements scolaires publics, du moins dans certaines académies. C'est un véritable test pour le chef de gouvernement qui est appelé à prendre le dossier en main. Pour les syndicalistes, il s'agit d'une décision d'ordre politique car aucun effort financier ne sera nécessaire pour concrétiser l'opération d'intégration des contractuels dans la fonction publique compte tenu du fait que les académies sont financées par le budget de l'Etat. Sauf que le gouvernement entend poursuivre la maîtrise de la masse salariale dans la fonction publique conformément aux orientations des organismes internationaux. En outre si l'Etat assure, pour le moment, le financement des AREF, celles-ci sont appelées à l'avenir à s'autofinancer pour assurer leur fonctionnement. À l'heure où le Maroc s'achemine vers la mise en œuvre de la réforme de l'enseignement, le dossier des enseignants doit être érigé en priorité. Ce ne sont pas uniquement les contractuels qui haussent le ton mais aussi d'autres catégories de professeurs (enseignants classés à l'échelle 9, les enseignants exclus de la promotion hors-échelle…) qui observent eux aussi une grève de quatre jours cette semaine. Que propose le gouvernement ? Le gouvernement a proposé des amendements importants. La vision de réforme qui devra être adoptée par les académies dans des sessions extraordinaires porte sur quelque 14 points. Il s'agit en premier lieu d'abandonner le système de «contractualisation» pour apaiser les esprits des protestataires. Le gouvernement s'engage à réviser les dispositions ayant trait à la résiliation du contrat en vertu du fait que la contractualisation ne sera plus appliquée. Tous les enseignants vont basculer dans le nouveau système sans avoir à signer le très controversé avenant au contrat en supprimant cette disposition du statut. La titularisation se fera directement après l'intégration parmi les cadres des académies et la réussite dans l'examen professionnel. Il sera permis aux cadres des AREF d'exercer des activités hors des heures de travail à condition qu'elles ne soient pas génératrices de revenu à l'instar des autres fonctionnaires. S'agissant du point crucial de la promotion, on compte inscrire noir sur blanc ce droit pour les enseignants des AREF tout au long de leur vie professionnelle. L'article sur le départ à la retraite suite à une maladie grave devra être amendé pour garantir aux enseignants des académies les mêmes droits que les enseignants fonctionnaires du ministère de même que toutes les dispositions juridiques appliquées aux fonctionnaires en cas d'invalidité. Concernant la question de la mobilité, elle n'est garantie qu'à l'intérieur de la région. Une disposition qui est très critiquée et ne garantit pas l'égalité avec les enseignants du ministère qui ont le droit de demander la mutation dans les quatre coins du Maroc. De nouvelles dispositions devront être introduites comme le droit de passer les concours des inspecteurs, de l'agrégation, de l'administration pédagogique, de l'orientation et de la planification pédagogique. À cela s'ajoute le droit d'accéder aux postes de responsabilité.