Un nouveau tournant «historique» dans les relations entre le patronat et les syndicats. La Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et l'Union marocaine du travail (UMT) signeront, le 24 janvier prochain, un accord pour la gestion des «pré-conflits». «Après plusieurs tentatives vaines avec les pouvoirs publics pour instaurer ce mécanisme, nous avons décidé d'aller de l'avant avec la CGEM», souligne Mohamed Moukharik, secrétaire général de l'UMT. «Ce dispositif permettra d'instaurer une démocratie sociale, tout en permettant à l'entreprise d'évoluer sereinement», ajoute Jamal Belahrach, président de la commission emploi et relations sociales à la CGEM. Selon Belahrach, «cet accord devrait par la suite être signé avec les autres syndicats qui avaient participé à son élaboration». En effet, depuis l'avènement de l'équipe Horani à la CGEM, un travail dans ce sens a été initié il y a plus d'un an déjà. Ainsi, avant qu'un conflit social ne soit déclenché, le chef d'entreprise contacte la CGEM, qui contacte à son tour l'UMT. Aussitôt, les négociations entre le management et les salariés sont engagées. Sortie du tunnel ? Un médiateur pourra également intervenir. D'ailleurs, une liste de médiateurs accrédités a déjà été dressée par la CGEM et les syndicats. «Nous avons également prévu un comité de gestion du dispositif, qui est présidé par un syndicaliste. La présidence est tournante entre les différents syndicats signataires de l'accord», précise Belahrach. Quant à la CGEM, elle en assurera le secrétariat. Avant de généraliser ce mécanisme, des tests pilotes ont été réalisés sur 9 entreprises en 2011. «Avec cette expérience, nous avons pu éviter le déclenchement de 6 conflits sociaux», révèle Belahrach. «Récemment, nous avons appliqué les fondements de ce mécanisme au niveau du port de Tanger Med, qui aurait suffoqué si les conflits sociaux s'étaient déclenchés», note pour sa part le secrétaire général de l'UMT. Avec ce nouveau dispositif, les parties signataires de l'accord espèrent mettre fin au blocage dans les rapports les liant depuis des années déjà. «Nous espérons également mettre fin aux grèves sauvages et à répétition qui prennent en otage l'économie du pays», ajoute le président de la Commission relations sociales de la CGEM. Pour rappel, le recours à la grève qui est un droit garanti depuis la Constitution de 1962, n'a jamais été réglementé. En l'absence de loi régissant les modalités et les conditions de l'exercice du droit de grève, le flou juridique persiste toujours. Ce vide a donné et donne toujours lieu à des interprétations différentes selon que l'on est chef d'entreprise ou syndicaliste. Bien évidemment, il n'est nul besoin de rappeler les lourdes conséquences des grèves sauvages et répétitives sur l'économie nationale (www.leschos.ma).