Rien ne va plus entre les professionnels de la pêche. La confédération nationale de la pêche côtière au Maroc est montée ce week-end au créneau pour afficher sa position relative aux tentatives de reconduction de l'accord de pêche entre le Maroc et l'UE. Une position qui nage complètement à contre-courant de celle défendue, mercredi dernier encore, dans la ville espagnole de Barbate, par les représentants du secteur, au sein de la commission mixte des professionnels maroco-espagnols de la pêche, lors d'une énième réunion de cette instance. «Un éventuel renouvellement de l'accord de pêche Maroc-UE porterait atteinte au secteur de la pêche au Maroc», affirme Mohamed Alalou, le secrétaire général de la Confédération nationale de la pêche côtière au Maroc, dans une communication officielle de l'entité. Le responsable ne s'en est pas limité à cela. «Les participants à ces négociations, côté marocain, ne représentent qu'eux-mêmes et leur action est motivée par des intérêts personnels», assène ce dernier. La représentation marocaine est assurée par les responsables de la Fédération de la pêche maritime et de l'aquaculture (FPMA). «Nous ne voulons rentrer dans aucune polémique, tout en sachant qu'aucune personne responsable n'a le droit de juger de la légitimité ou non de qui que ce soit d'autre. Nous demandons à être jugés sur nos actes, et ces derniers ont toujours été pour l'intérêt global du secteur», se défend, Omar Akouri, président de la FPMA. Pendant ce temps, Alalou enfonce le clou de ses accusations, avançant que le lobbying mené actuellement par cette commission mixte ne ferait qu'«affaiblir la force de négociation» du royaume, au cas où un nouvel accord serait envisagé. Le responsable dénonce également la «précipitation» dans laquelle se déroulent ces négociations, qui se tiennent au moment où la tutelle administrative est encore en pleine période de transition et d'examen de sa prochaine feuille de route. «Les autorités marocaines n'ont pas encore adopté une position officielle à ce sujet», complète le secrétaire général de la CNPC. Fronde Les professionnels de la pêche côtière ne sont pas les seuls à mener cette «fronde» de la représentativité du secteur. La Chambre des pêches maritimes Atlantique nord, par ailleurs, membre de ladite confédération, rejoint la cause, s'appesantissant sur la crise de la ressource que connaît le secteur local. Les représentants de cette Chambre avancent que la mise en œuvre d'un nouveau partenariat de pêche entre le Maroc et l'UE sonnerait pour de bon le glas des activités du secteur local. «Nous sommes menacés, d'ici 10 ans, par un épuisement très avancé de nos ressources», a déclaré Kamal Sabri, le président de la Chambre. Pendant ce temps, à Barbate, la commission mixte des professionnels de la pêche maroco-espagnole exprimait son «regret quant au non renouvellement de l'accord de pêche», pour des motifs qu'elle qualifie de «politiques». La même commission pense toutefois que cet accord «devait être réexaminé sur la base de critères techniques et économiques».