Une conférence a été organisée dans le cadre de la Journée mondiale de santé mentale à la Faculté de médecine et de pharmacie de Casablanca. Sous le thème, "Les troubles mentaux au Maroc: situations et enjeux de la prise en charge", cette rencontre avait pour but d'appuyer l'immensité des besoins au niveau national et d'insérer une politique de conscience dans ce sens. L'insuffisance des moyens pour la prise en charge des troubles mentaux et des addictions a également été pointée du doigt, qualifiant ainsi ce déficit de "grave". Pédopsychiatrie, addictologie et difficulté de prise en charge, manque de conscience et de considération pour les troubles mentaux difficilement reconnue comme maladies nécessitant un suivi, de part leurs symptômes invisibles… Toutes, des questions qui ont été approfondies lors de cette rencontre, en présence de différents professionnels du domaine de la santé psychologique, afin de proposer des recommandations permettant une meilleure qualité de suivi et de prise en charge pour les Marocains souffrant de troubles psychiatriques. Selon les dernières statistiques révélées au Parlement, par le ministre de la Santé, Anass Doukkali, 40% des Marocains souffraient de troubles mentaux, tandis que 26% souffrent de dépression. Ce débat, venu répondre à ces chiffres "alarmants", a permis de formuler des recommandations pouvant remplir les conditions nécessaires dans l'amélioration de la santé mentale au Maroc. Quatre volets ont ainsi été traités: Réglementation Améliorer les textes de la loi régissant la protection de la santé mentale: - La mise en place d'une réglementation des praticiens - Le droit aux prestations des patients en cas de mariage - Le droit aux prestations pour les ayants-droit atteints de troubles mentaux après l'âge de 18 ans et après le décès de l'assuré - L'application des dispositions du Code de la famille pour protéger les intérêts matériels des patients - Création des services d'aide juridique et d'assistance judiciaire - Une allocation aux handicapés indigents à l'âge adulte. Prise en charge et tarification - Revoir la tarification nationale de référence; - Réviser la nomenclature générale des actes professionnels « Ngap »; - Actualiser la liste des affections de longue durée (ALD); - Activer la prise en charge pour l'hospitalisation en addictologie par la CNSS; - Mettre en place une nomenclature pour la psychothérapie, les actes de psychomotricité, de rééducation; - Prendre en charge l'éducation spécialisée des enfants à domicile ou au sein des associations; - Instaurer l'exonération du ticket modérateur et tiers payant de la prise en charge globale des troubles mentaux (consultations, hospitalisations et actes de psychiatrie); - Assurer le remboursement des soins en pédopsychiatrie et psychiatrie, même si la consultation n'est pas accompagnée de prescription de médicaments; - Uniformiser les prises en charge médicale et sociale des troubles mentaux par les organismes sociaux. Infrastructures et capital humain -Création des services de psychiatrie dans les polycliniques de la C.N.S.S.; -Renforcement du capital humain et de l'infrastructure en psychiatrie et pédopsychiatrie; -Déploiement des ressources humaines spécialisées par des formations continues; -Promotion des structures intermédiaires et des centres de réhabilitation sociale; -Développement de la formation continue des médecins généralistes en psychiatrie. Institution et communication -Organisation des Assises nationales de la santé mentale; -Mise en place des comités de suivi afin de créer des réseaux entre les autorités compétentes, les communes, les professionnels de la santé et la société civile; -Elaboration d'un guide pratique, par les organismes sociaux sur la prise en charge des troubles mentaux pour une meilleure communication; -Campagnes de sensibilisation pour favoriser la prévention et le diagnostic précoce.