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Enfants et adolescents en souffrance psychique
Publié dans Albayane le 31 - 10 - 2012

La pédopsychiatrie, une prise en charge spécialisée
Lorsqu'un jeune souffre d'une pathologie psychiatrique, l'ensemble de sa vie est perturbé, notamment son rapport aux autres et parfois sa possibilité de suivre un parcours scolaire classique. En parallèle, les troubles psychiatriques se traduisent fréquemment par une mise en danger du jeune lui-même ou de son entourage. La gravité des troubles nécessite toujours une aide extérieure, aide au jeune lui-même mais aussi à sa famille.
La prévention est cruciale dans l'approche de ces problèmes et ce grâce à un repérage précoce de certaines pathologies, ce qui peut aboutir à des résultats positifs, voire exceptionnels, en termes d'atténuation des troubles, mais aussi en termes d'intégration scolaire ou sociale. Aujourd'hui grâce à l'apport de la pédopsychiatrie et des spécialistes qui exercent ce métier, un très grand nombre d'enfants qui souffrent de troubles psychiatriques arrivent à retrouver une vie normale.
Lever le voile sur ce métier très peu exposé au feu des projecteurs et donc peu connu du grand public semble être amplement justifié.
Mais qu'est-ce que c'est que la pédopsychiatrie ?
Une discipline à part entière
Il s'agit d'une discipline médicale qui a vu le jour à la fin du 19e siècle. De nombreux chercheurs affirment que c'est une spécialité multidisciplinaire dans laquelle on retrouve la médecine, la psychologie et la pédagogie. Les travaux des précurseurs de la pédopsychiatrie, notamment Ponce de Léon et Johann Heinrich Pestalozzi, ont permis de créer des méthodes psychométriques permettant de mesurer l'intelligence des enfants et surtout de détecter certaines déficiences mentales.
On peut dater l'essor de cette discipline à partir des années 30 du 20e siècle, surtout avec le premier congrès de pédopsychiatrie qui a eu lieu à Paris en 1937. Il existe certaines différences entre la psychiatrie qui s'adresse aux adultes et la pédopsychiatrie, même si les deux disciplines ont de nombreux points communs.
La pédopsychiatrie se définit, en premier lieu, dans son rapport à la psychiatrie générale, par la question des frontières d'âge qui définissent les enfants et les adolescents. Il est maintenant communément admis que certaines pathologies trouvent leur origine dès avant la naissance, ce qui justifie l'attention particulière portée à la période de la grossesse.
Les pathologies traitées par la pédopsychiatrie sont très nombreuses. Celles-ci vont des problèmes temporaires ou d'intensités modérées (les troubles de l'alimentation ou du sommeil, l'angoisse, la tristesse...), à des problèmes plus compliqués, notamment l'autisme, les troubles psychiques graves (l'inhibition, l'agitation, l'opposition), les troubles comportementaux ou encore la déficience intellectuelle. Les pédopsychiatres peuvent également traiter des troubles plus spécifiques de l'adolescence comme l'anorexie, la boulimie ou la dépression. Dans certains cas, le rôle du pédopsychiatre peut se limiter à l'orientation des parents qui vont également recevoir des conseils sur des difficultés ponctuelles rencontrées par les enfants. Son intervention ainsi que le traitement dépendent, évidemment, du problème traité. Pour identifier un problème, les pédopsychiatres utilisent généralement des moyens ludiques: dessins, jouets, musique...
Ces moyens sont définis dans le jargon de la psychiatrie comme étant des médiateurs. Ils servent à établir un contact avec l'enfant et lui permettre de s'exprimer librement sans contrainte.
Les traitements «pédopsychiatriques» sont essentiellement psychothérapeutiques et adaptatifs (conditions de vie, relations familiales, insertion scolaire).
Le pédopsychiatre peut avoir recours à des techniques psychologiques en complément d'un suivi individuel. Les thérapies comportementales (consistant à substituer un comportement adapté à un comportement pathologique), les thérapies psychanalytiques individuelles ou de groupes à travers le dessin, le jeu de rôle, les marionnettes, la pâte à modeler, les thérapies familiales, les techniques de relaxation utilisées en cas de tics ou de bégaiement, ce sont là autant de techniques qui ont montré leur efficacité. Il est donc nécessaire d'associer les parents à cette démarche psychothérapique. D'ailleurs, les thérapies familiales sont le plus souvent utilisées pour des situations psychopathologiques graves comme l'autisme infantile précoce, les perturbations sévères de la communication intra-familiale.
L'espoir de guérison des enfants et des adolescents souffrant de troubles mentaux conduit à insister, dans le traitement de ces pathologies, sur l'importance d'une prise en charge qui ne coupe pas les jeunes de leur milieu de vie ordinaire, en particulier de la fréquentation de leurs pairs et de la poursuite d'une scolarité normale. Puisque nombre de jeunes malades ne le seront plus une fois adultes, il est nécessaire de favoriser autant que possible leur insertion sociale et de faire en sorte que les épisodes de troubles mentaux influent le moins possible sur le déroulement de leur parcours.
Etat des lieux au Maroc
Si l'on se réfère aux déclarations du Professeur Jalal Toufik, médecin-chef de l'hôpital Arrazi de Salé, déclarations qui concernent la pédopsychiatrie, on note tout d'abord qu'un enfant sur dix est atteint de troubles mentaux plus ou moins sévères. Parmi eux, l'autisme et les troubles de conduite, notamment l'hyperactivité et le déficit d'attention sont les plus fréquents. La pédopsychiatrie, en tant que sous-spécialité de la psychiatrie, s'intéresse au traitement de ces pathologies. Mais au Maroc, cette discipline a du mal à prendre son envol. Ceci est dû à deux facteurs principaux : tout d'abord, le manque des structures d'accueil à même de satisfaire la demande croissante en termes de soins pédopsychiatriques. Même si de telles structures existent, elles sont encore très loin des standards internationaux.
Deuxièmement, c'est un problème de ressources humaines qui entrave l'essor de la pédopsychiatrie au Maroc. Nous avons très peu de pédopsychiatres, mais les choses sont en train d'évoluer et il est permis d'espérer voir le nombre de pédopsychiatries au Maroc aller en augmentant d'année en année. C'est ce qui a motivé l'équipe de l'hôpital Arrazi de Salé, où a été implanté le premier centre de pédopsychiatrie en 2010, de s'orienter vers la formation de ressources humaines compétentes, en créant un diplôme universitaire en pédopsychiatrie, qui s'est fixé comme objectif la formation de 25 à 30 intervenants spécialisés chaque année et l'accompagnement de tout projet de soins dans ce domaine. Ainsi, la première promotion comptait trois pédopsychiatres et 25 autres personnes formées fin 2011
Par ailleurs et dans le même registre, il y a lieu de noter avec satisfaction la création d'une unité spécialisée en pédopsychiatrie au CHU Ibn Rochd. Celle-ci constitue indéniablement un pas important sur la bonne voie. Mais il va falloir entreprendre des actions similaires dans d'autres villes marocaines pour rapprocher les citoyens de ces soins et de ce type de prise en charge. Dans ce registre, le ministre de la Santé affiche une déjà une nette volonté pour améliorer les chose dans ce sens.


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