Le procureur général saoudien a requis jeudi la peine de mort contre cinq accusés dans l'affaire Jamal Khashoggi, du nom de ce journaliste saoudien tué au consulat de son pays à Istanbul, mais a totalement dédouané le puissant prince héritier. Le meurtre le 2 octobre de ce journaliste, critique du pouvoir saoudien et collaborateur du Washington Post, s'est progressivement transformé en scandale planétaire, ternissant l'image de la monarchie pétrolière au fur et à mesure des révélations sur les circonstances macabres de l'assassinat. Mohammed ben Salmane, surnommé "MBS", n'avait aucune connaissance du dossier, a affirmé jeudi lors d'une conférence de presse à Ryad, le porte-parole du procureur général, Shaalan al-Shaalan. Selon lui, le chef-adjoint des services de renseignements saoudiens, le général Ahmed al-Assiri, avait ordonné à une équipe d'agents dépêchés à Istanbul de ramener de gré ou de force Khashoggi dans son pays. Mais le chef de cette équipe a donné l'ordre de le tuer, a ajouté Shaalan al-Shaalan, également procureur général adjoint, admettant que le journaliste avait alors été drogué et démembré au sein même de la mission diplomatique. Sur un total de 21 suspects, le procureur général a inculpé à ce jour 11 personnes qui seront déférées devant la justice. Il a requis la peine capitale pour cinq d'entre elles, d'après la même source, sans rendre publique leur identité. Ryad a par ailleurs demandé à Ankara de signer un accord "spécial" de coopération sur l'enquête, est-il précisé. Dans une première réaction, la France a estimé que l'enquête saoudienne allait "dans le bon sens". La Turquie, en revanche, a jugé "insuffisantes" les explications fournies, en insistant sur le caractère prémédité de l'opération. Ryad refuse jusqu'à ce jour l'ouverture d'une enquête internationale pour élucider le mystère autour de ce meurtre qui a secoué le monde entier.