La nécessité d'assurer la convergence entre les politiques publiques est une rengaine entonnée par El Othmani depuis sa nomination mais sans pour autant que des mesures concrètes et efficaces ne soient prises. Le système d'information unifié prévu pour atteindre cet objectif est en cours d'élaboration. En l'absence d'un outil efficace assurant la convergence des politiques publiques, le gouvernement semble naviguer à vue. La mise en place d'un tableau visant à assurer la cohérence des différentes stratégies et plans sectoriels tarde à voir le jour. Cela fait des mois que ce projet a été annoncé par le chef de l'Exécutif et le ministre des Affaires générales et de la gouvernance. Contacté par Les Inspirations ECO, Lahcen Daoudi indique que le système est en cours de mise en place avec des financements internationaux. «J'espère que ce chantier sera achevé d'ici un an. Le Maroc sera parmi les rares pays dotés d'un système de convergence des politiques publiques», précise-t-il. Il s'avère indispensable d'harmoniser les systèmes d'informations entre les différents départements ministériels ; une mission complexe selon Daoudi. Actuellement, les systèmes d'information au niveau des administrations et des ministères ne sont pas toujours compatibles. Or, pour réussir le défi de la cohérence des politiques publiques, le chef de gouvernement doit pouvoir suivre tous les programmes à travers un tableau de bord regroupant tous les ministères. Une fois lancé, le système d'informations unifié permettra de suivre l'état d'avancement des projets interministériels et faire l'évaluation des stratégies sectorielles. Ce dispositif est indispensable pour assurer la convergence des politiques publiques dans les domaines prioritaires tels que la protection sociale et faciliter le suivi et l'évaluation des politiques publiques pour de meilleures cohérence et performance de l'action publique. Cela permettra d'évaluer la contribution de chaque secteur et de déterminer noir sur blanc les responsabilités des différents acteurs. Mettre fin au travail en silo La situation actuelle ne favorise pas la réflexion collective. Chaque département travaille dans sa bulle même si les objectifs de certaines stratégies sectorielles se recoupent. L'interconnexion des secteurs s'impose de l'avis des responsables gouvernementaux marocains et des institutions internationales. Le Maroc est en effet vertement critiqué à cause de l'absence d'un cadre formel qui assure la cohérence et la pertinence des politiques et des actions publiques. Ce dysfonctionnement de taille déteint sur l'efficacité des programmes sectoriels qui se sont révélés, selon la Banque mondiale, peu pertinents car ils n'ont pas contribué clairement à ce qui constituaient les principaux objectifs de développement de l'époque : la mise à niveau de l'économie, le renforcement de l'ouverture économique vers l'extérieur et la participation accrue du secteur privé dans l'activité économique. De son côté, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a émis plusieurs recommandations ayant trait à la convergence des politiques publiques au Maroc. L'OCDE pointe du doigt les défaillances de la cohérence des politiques publiques qui affectent directement l'efficacité de l'action publique et les performances économiques et sociales. Le Maroc qui aspire à faire partie du club des pays émergents est appelé à déployer des efforts en la matière et accélérer la cadence pour le renforcement de l'harmonisation des différentes actions publiques. Le jeu en vaut la chandelle. En effet, comme le souligne l'OCDE, la mise en cohérence des différentes politiques permettrait de lever une contrainte majeure au développement du pays. Toutes les politiques publiques sont concernées dont celles régissant le cadre macro-économique comme les politiques fiscale et monétaire et celles à caractère social. Assurer la convergence entre les différents programmes devra se faire dès l'étape de l'élaboration des projets et se poursuivre lors de la mise en œuvre et de l'évaluation afin de pouvoir collectivement rectifier le tir et redresser les dysfonctionnements. Cette orientation devra être prise en considération lors de l'élaboration du nouveau modèle de développement auquel aspire le Maroc. À cet égard, l'Organisation de la coopération et du développement économiques est on ne peut plus claire : le Maroc devrait s'assurer que sa vision du développement soit déclinée en objectifs prioritaires clairs et partagés dans la conception des différentes stratégies sectorielles. Les grandes orientations stratégiques gagneraient à être traduites en objectifs et priorités. Le gouvernement est très attendu sur ce dossier d'autant plus qu'il s'agit de l'un des principaux engagements de la déclaration gouvernementale. Depuis sa nomination, le chef de gouvernement Saâdeddine El Othmani ne cesse de souligner l'impératif d'assurer la convergence des politiques publiques. Il est temps de passer à l'action.