Tarik Senhaji. Directeur général d'Ithmar Capital Le fonds souverain est souvent défini comme le bras financier de l'Etat, mais quelle est l'origine de ses ressources ? Il existe différents types de fonds souverains selon la classification du FMI. Il y a le fonds de stabilisation, le fonds intergénérationnel ou encore le fonds stratégique d'investissement et c'est ce dernier qui nous intéresse. C'est la classe de fonds qui est aujourd'hui la plus active. La Turquie, l'Egypte, la Chine s'y intéresse…Depuis la crise financière, il y a eu un besoin de relancer la croissance mondiale et cela s'est fait à travers la création de ces fonds stratégiques. Les principes de Santiago sont-ils plus coriaces que la réglementation marocaine ? Les principes de Santiago ont pour objectif de maintenir une certaine transparence par rapport aux actionnaires. Le fait que le fonds soit une société anonyme au Maroc et qu'il soit sous la tutelle de la Direction des entreprises publiques et de la privatisation (DEPP), nous soumet déjà à une reddition des comptes. Cela veut dire que nous remplissons largement tous les critères de Santiago. Pour attirer les investisseurs, est-ce indispensable d'afficher notre adhésion aux principes de Santiago ? La réglementation locale et les principes de Santiago sont deux choses qui sont liées mais légèrement différentes. En 2005, il y avait beaucoup de suspicions par rapport aux fonds souverains étrangers qui investissaient dans les grandes économies. Le fonds souverain de Dubaï qui voulait racheter les ports aux Etats-Unis mais qui avait été rejeté par le Sénat. Il y avait les fonds souverains chinois qui commençaient à faire de grosses acquisitions à travers le monde, ce qui avait troublé certains gouvernements. Au final, les fonds souverains, en collaboration avec le FMI ont élaboré un certain nombre de principes pour démontrer que ce sont des investissements qui se font dans un but commercial ou dans un but très précis. C'est pour cela qu'il faut adhérer aux principes de Santiago pour intégrer le forum. Aujourd'hui, le Maroc a réussi à avoir des investisseurs qui ont misé sur la dette souveraine de 30 ans, des entreprises privées qui investissent en dollars. Sur cette partie, les investisseurs sont très impressionnés par les visions à long terme très claires du Maroc ainsi que des appréciations des agences de notation. L'investissement dans des sukuk est-il envisageable ? Les sukuk intéressent peu les fonds souverains. Seuls certains pays s'y sont positionnés comme l'Arabie saoudite ou la Malaisie…Notre ambition est de créer un climat encore plus dynamique via le fonds stratégique d'investissement.