La justice française vient de citer deux confrères marocains à comparaître devant un tribunal parisien pour répondre à une plainte déposée par un ressortissant marocain. Il s'agit de Naïm Kamal et de Narjis Reghay, respectivement directeur et rédactrice en chef du site d'informations Quid.ma. Ces derniers sont poursuivis par un Marocain, Mustapha Adib, qui réside en France; un exil choisi suite à ses déboires avec la justice marocaine pour diffamation. Soit. Je précise que la presse n'est ni intouchable, ni irréprochable; nos confrères assument leur responsabilité éditoriale, et chaque citoyen a le droit de recourir à la justice pour faire valoir ses droits. Sauf que c'est une «affaire» 100% marocaine dans laquelle la justice française s'immisce de façon curieuse. Un citoyen marocain porte plainte contre d'autres Marocains pour un article de presse paru sur un support marocain édité depuis le Maroc...! Inversons les choses et imaginons qu'une personne ou personnalité française attaque en justice un journaliste du Figaro ou du Monde, et le fait dans une juridiction marocaine qui cite le journaliste concerné à comparaître devant un tribunal de Casablanca ou de Rabat. J'aimerais bien voir la réaction de la presse française quant à cette «affaire» et comment elle traiterait notre pays. Franchement, après le cas Hammouchi, dont les dépassements ont été traités avec élégance, on avait cru que la justice française s'était assagie vis-à-vis de nos concitoyens. Ceci n'est ni du corporatisme primaire, ni de l'acharnement; c'est un cas qui mérite d'être tiré au clair, et que les officiels marocains ne doivent pas négliger.