Lors de la manifestation organisée par des islamistes dimanche à Rabat Narjis Reghaye, journaliste au quotidien «Le Matin du Sahara» a été victime de provocations répétées d'islamistes. Elle n'a dû son salut qu'à l'intervention de confrères. Le moment ne s'y prêtait vraiment pas. Les Marocains ont spontanément manifesté leur indignation suite aux attentats criminels perpétrés à Casablanca. La condamnation est unanime. Les réactions contre ces horribles crimes n'ont pas tardé. Des manifestations, des marches, des sit-in, des déclarations et ainsi de suite. Dimanche, aux environs de 17 h 30, Narjis Reghaye, journaliste au journal «Le Matin du Sahara» arrive devant le Parlement pour la manifestation organisée dans le même contexte anti-terrorisme par les islamistes du parti de la justice et du développement (PJD) et la Jamaâ du cheikh Abdessalam Yassine, Al Adl Wal Ihssane. Dès son arrivée, Narjis Reghaye s'est vue talonner par quatre individus. «Quatre barbus se sont subitement trouvés derrière moi. Ils ne m'ont pratiquement pas lâchée d'une semelle», confie la journaliste. Il y avait sur place, Khalid soufiani, ex-dirigeant de l'Association Marocaine pour le soutien de la lutte palestinienne, devenu pro-islamiste au goût de Narjis; le porte-parole d'Al Adl Wal Ihssane Fathallah Arsalane, le Secrétaire général du PJD, Abdelkrim El Khatib et son adjoint, Saâd-Eddine El Othmani. Connue pour son caractère fort et son intransigeance quant aux principes qu'elle défend par conviction, Narjis incarne le profil idéal pour constituer une cible, jusque-là «médiatique», de ceux qui n'approuvent pas ses écrits et ses prises de positions. «Tu es une flic, et tes positions sont très connues», lui lança l'un de ses poursuiveurs, qui devrait être un membre du PJD selon la concernée. « Tu a écrit des papiers contre Bziz (Ahmed Snoussi), tu as également écrit contre l'anti-sémitisme», claironna un autre barbu. Habituée à se défendre dans des cas similaires, Narjis rétorqua sans sourciller «effectivement, j'ai des positions que je ne cache pas, et vous. Vous prétendez être contre le terrorisme alors que vous êtes en train de pratiquer un terrorisme intellectuel. C'est ce genre de dérapage qui conduit inéluctablement vers ce qui ressemble à ce qui s'est passé à Casablanca le 16 mai dernier». Cependant, malgré son tempérament et son courage, Narjis a eu peur pendant un moment. «Heureusement qu'il y avait des policiers à proximité et surtout mes amis journalistes qui sont accourus à mon secours, prenant ma défense tout en affrontant les provocateurs. D'ailleurs c'est ce qui m'a rassurée car à un certain moment je commençais à me demander si l'on m'attendait pour régler mon compte». Puis la journaliste du «Matin du Sahara» s'est vue aborder par le député de Yaâcoub El Mansour, «un péjidiste qui me sommait de me taire. Quand je me suis obstinée à me défendre, il a commencé à hausser le ton essayant de m'intimider» rapporte Narjis. Et la journaliste courageuse de poursuivre «Dans ce contexte, je tiens à rendre un hommage particulier à l'équipe de la chaîne de télévision 2M qui est venue vite filmer la scène et l'a passée dans les infos de la même soirée». à la question si Narjis prenait vraiment au sérieux ce genre d'escarmouche qui a souvent lieu dans de telles situations entre deux personnes de courants différents, la journaliste rétorque «Evidemment que je considère cette attaque à son juste titre». J'ai saisi le Syndicat national de la presse marocaine SNPM et je leur ai fait part de ce grave incident et de mes appréhensions». Autant dire que le message de notre confrère Narjis Reghaye, à travers sa vive réaction, est sûrement arrivé à destination. Il n'est pas question pour elle de se laisser intimider, ni de dévier de ses convictions.