Comme des milliers de personnes, j'ai reçu un long message anonyme intitulé «Appel à la conscience». On y évoque la liste de tous les maux qu'aurait causés le mouvement de boycott, les risques sur la stabilité et l'économie du pays en plus d'éventuels complots «internes et externes». Soit. Je ne discute pas le fond de la pensée du ou des rédacteurs du message, mais je ne peux laisser passer quelques éléments liés à sa forme. Primo, si l'objectif est de sensibiliser la masse qui boycotte - puisqu'elle est la cible de cet appel - il faut lui parler en dialectal et non dans un français des salons feutrés car l'objectif présumé est de ratisser large et non d'adresser le message à une niche. Secundo, encore une fois, on parle de manipulation, de complots et d'accointance avec l'étranger. Du déjà vu, avec les résultats que l'on connaît ! Tertio, l'objectif suprême d'un appel à la conscience est de mobiliser les foules autour d'une idée (ici les aspects négatifs du boycott), c'est-à-dire fédérer. Or, dire que «notre bien-être est menacé» pourrait être considéré comme une offense faite à une large majorité qui se bat pour vivre et pour laquelle le bien-être est une utopie. Autant dire qu'à défaut d'humilité, les auteurs de ce message seront au mieux ignorés, au pire attaqués. Dans les deux cas, cet appel n'aura pas atteint son objectif. Il n'est pas trop tard pour rectifier le tir et «recadrer» le message. Et - pourquoi pas - une sortie de l'ombre des auteurs du message afin de lancer un débat et d'expliquer, arguments à l'appui, les risques économiques du boycott. Enfin, il faut penser aux 120.000 éleveurs ; pour eux, il faut s'écouter les uns les autres et mettre en place des solutions et des alternatives afin de dépasser cette crise où il n'y a ni vainqueurs, ni vaincus.