Ce samedi 7 avril, le peintre et écrivain Mahi Binebine a reçu la légion d'honneur française des mains d'Elisabeth Bauchet-Bouhlal, directrice du Es Saadi Marrakech Resort. Entouré de ses proches et de ses amis artistes, l'auteur du «Fou du roi» a ému toute la salle. Coulisses. «On m'a proposé de m'inscrire pour recevoir la Légion d'honneur, j'ai dis non !», s'amuse Mahi Binebine qui s'est vu remettre la Légion d'honneur de la République française ce samedi 7 avril devant un parterre de personnalités. Entre larmes et rires, le peintre, sculpteur et écrivain devenu international, a reçu sa distinction avec grâce et humilité. «Je ne savais pas quoi dire en recevant une telle consécration, on m'a tout simplement conseillé de remercier, donc je vous remercie !». Né en 1959, cet enfant de la médina de Marrakech, qu'il connaît par cœur a toujours rêvé de devenir artiste. Sa mère quitte son père quand il avait trois ans et se voit éduquer par une grande dame au milieu de ses 6 frères et sœurs. Une mère qui a été son inspiration depuis toujours. «Ma mère a élevé seule 7 enfants, elle n'avait pas de diplôme, elle a étudié jusqu'à obtenir un certificat d'études, puis une licence en droit et s'est éduquée seule à 40 ans. Comment ne pas devenir la meilleure version de moi-même quand j'ai été élevé par une femme comme ça !», confie un Mahi Binebine ému aux larmes avant désenchaîner sur une blague pour détendre l'atmosphère : «Mes frères et moi avons toujours été au fond des choses, nous avons essayé d'être les meilleurs dans ce que nous faisions, même mon frère qui a fait de la prison, a fait la meilleure des prisons : Tazmamert, il ne pouvait pas faire mieux !». Tel est le secret de la réussite de l'enfant chéri de l'art marocain, qui a commencé par l'écriture. En arrivant à Paris en 1980 où il a enseigné les mathématiques, Mahi Binebine rencontre son mentor, celui qui va lui changer la vie : un écrivain espagnol, francophone, Agustin-Gomez Arcos. «Je l'ai rencontré à Paris, il m'a poussé à écrire. J'ai écrit mon premier livre qu'il m'a aidé à corriger presque ligne par ligne. En réalité, il l'a réécrit», avoue un Mahi Binebine qui reconnaît que son deuxième ouvrage sera en fait son premier. D'aventures en aventures, d'ouvrages en ouvrages, son frère de New York lui propose de venir s'installer chez lui. Il s'occupe de lui pendant des années et fait de lui le peintre et l'écrivain qu'il est aujourd'hui. Ses peintures font partie de la collection permanente du musée Guggenheim de New York. Il revient à Marrakech en 2002. «Comment voulez-vous que je n'aide pas les autres, moi qui suis toujours aidé dans la vie», confie l'artiste né sous la bonne étoile. Et ce sont ces étoiles qui vont l'inspirer, puisqu'il écrit «Les Etoiles de Sidi Moumen», touché par les attentats qu'à connus le Maroc en 2003. Il commence à faire des recherches pour comprendre ce qui est arrivé à ces jeunes de ces quartiers et ce qui les a poussés à commettre l'irréparable. Le roman est un succès. Il inspirera Nabil Ayouch a en faire un film et les deux seront réunis afin d'ouvrir des centres dans tout le Maroc pour permettre à cette jeunesse d'être sauvée par la culture. Le duo d'artistes commence par Les Etoiles de Sidi Moumen en ouvrant un espace culturel en plein Sidi Moumen. Tanger a suivi et a vu inaugurer les Etoiles du Détroit. D'autres centres suivront... «Il est conscient que la culture et l'éducation sont les seuls moyens pour faire avancer le pays et empêcher cette jeunesse de dériver», ajoute Elisabeth Bauchet-Bouhlal en parlant de celui qui ne cesse d'œuvrer et de faire participer ces amis artistes à cette belle cause. Artiste accompli et belle âme, c'est tout naturel que Mahi Binebine soit fait chevalier de la Légion d'honneur pour une carrière inspirante et inspirée au service de la société marocaine.