Inscrit dans le cadre de la nouvelle feuille «Ambition 2021», le projet de réforme du règlement général de la Bourse de Casablanca prévoit d'introduire une souplesse dans la création de nouveaux compartiments, outre le renforcement du flottant et de la palette des ordres de Bourse. Ministère des Finances, autorités de régulation (AMMC, ACAPS, Bank Al-Maghrib), gestionnaires de fonds (ASFIM), sociétés de bourse (APSB), compagnies d'assurances (FMSAR), investisseurs en capital (AMIC), la CDG, etc. Presque tous les acteurs du marché financier marocain étaient représentés lors d'une rencontre organisée vendredi matin dans un palace casablancais, et consacrée au nouveau plan de développement de la Bourse de Casablanca, baptisé «Ambition 2021». Une présence haute en couleur qui en dit long sur l'enjeu que représente la nouvelle feuille de route du marché boursier marocain, validée récemment par le Comité du marché des capitaux. Hamid Tawfiki et Karim Hajji, respectivement présidents du conseil de surveillance et du directoire de la société gestionnaire du marché boursier donnent le ton en plaçant la nouvelle réforme dans un contexte historique, rappelant à ce titre les années glorieuses du marché marquées par des volumes d'échanges record (une moyenne quotidienne de 400 MDH contre 130 MDH ces derniers temps). La Bourse de Casablanca a besoin d'un nouveau souffle et c'est à partir de là qu'est né le projet de démutualisation et l'idée d'ouvrir le tour de table à de nouveaux actionnaires (la Bourse compte aujourd'hui 27 actionnaires). La nouvelle vision 2021, se réjouit Tawfiki, émane d'une réflexion 100% locale. «Nous n'avions pas besoin de consultants étrangers. Les idées ne manquaient pas. Il a fallu juste les coordonner, ordonnancer et les transformer en actions pour construire une vision commune», soutient le président du Conseil de surveillance de la Bourse. L'objectif, poursuit-il, est d'accélérer l'évolution du marché des capitaux vers une efficience collective en allant d'un marché de titres vers un marché de risques. Il s'agit d'allouer les capitaux aux émetteurs présentant le meilleur couple rendement/risque. L'une des principales nouveautés du nouveau plan fixé à l'horizon 2021 est le lancement très attendu de la fameuse Chambre centrale de compensation (CCP). Celle-ci a le mérite de renforcer la confiance entre l'ensemble des opérateurs. «Aucune CCP au monde n'a fait faillite lors de la crise de 2008 grâce justement aux mécanismes qui permettent de gérer le risque de contrepartie. Une CCP permet de garantir la bonne fin des opérations, l'optimisation du besoin en collatéral, la minimisation de la consommation du capital réglementaire, etc», explique Karim Hajji. Espoirs et ambitions «Ambition 2021» capitalisera sur une infrastructure solide appuyée par deux systèmes d'information performants, ceux de la Bourse de Casablanca et de Maroclear. La nouvelle plateforme de cotation boursière permet de passer 500 ordres par seconde contre 20 seulement auparavant, avec un périmètre fonctionnel enrichi (nouvelles fonctionnalités, nouveaux produits, etc). «La sécurité n'est pas en reste puisque le système actuel permet une meilleure disponibilité de la bourse en cas de panne, le basculement au Backup se fait en moins de deux heures», souligne-t-on. Pour améliorer le financement de l'économie via le marché des capitaux, le nouveau plan stratégique vise à stimuler l'offre de papier sur le marché actions et obligations. Cité comme exemple d'initiatives poussant les PME à accéder au marché des capitaux (bourse, dette privée, etc), le programme Elite a touché jusqu'ici 56 entreprises dont 12 en Côte d'Ivoire et devrait atteindre 70 d'ici mai prochain, rappelle Hajji. Aussi, en vue d'attirer les investisseurs locaux et étrangers, ledit plan prévoit le lancement de produits adaptés (Futures sur indices, Futures sur taux d'intérêt, ETF, OPCI, etc). Enfin, pour remédier au manque de liquidité du marché, la nouvelle feuille de route insiste sur le renforcement du flottant dans le cadre du projet de révision du règlement général de la Bourse. Ce dernier donnera plus de lisibilité aux compartiments (dont un sera réservé aux entreprises les plus transparentes) et sera amené à enrichir la palette des ordres de Bourse. Faisant encore l'objet de négociations entre le ministère des Finances et l'AMMC avant d'être soumis au secrétariat général du gouvernement, le projet de règlement général se veut flexible, introduisant pour la première fois la possibilité de créer de nouveaux compartiments afin de répondre à des besoins spécifiques (fonds verts, sharia compliant, etc). Les acteurs du marché des capitaux sont unanimes à saluer cette nouvelle génération de réformes. Le plan «Ambition 2021» suscite des attentes considérables. «Les actifs sous gestion s'élèvent à 140 MMDH à fin 2017 dont près de 50% sont investis en actions pour l'essentiel cotées à la Bourse de Casablanca. Cette feuille de route nous va bien dans la mesure où elle s'engage à résoudre la problématique du manque de papier et d'insuffisance de sociétés cotées», souligne Bachir Baddou, directeur général de la FMSAR. «Nous sommes confrontés à certaines difficultés, notamment le manque de flottant et de liquidité, ce qui pénalise l'attrait de la Bourse. J'espère qu'on trouvera le moyen de rassurer à travers la Chambre de compensation, les produits dérivés, et que l'on arrivera à inscrire la bourse dans l'ADN des entreprises», affirme Rachid Outariatte, président de l'APSB.