52% des 761 internautes qui ont répondu au sondage online de Flm ont indiqué que le taux de chômage n'influence absolument pas leurs décisions de placement en Bourse. À l'inverse, 48% des sondés prennent en considération ce critère avant d'investir en Bourse. En effet, au niveau théorique, le taux de chômage renseigne les investisseurs sur la dynamique de la croissance économique ainsi que sur les anticipations d'inflation. Surtout dans les pays où le chômage est indemnisé, les statistiques sont disponibles assez tôt, ce qui peut permettre d'anticiper les chiffres de la croissance et de l'inflation. En particulier, la baisse du chômage est un indicateur qui va dans le sens d'une amélioration de la croissance économique. De même, quand le niveau du taux de chômage se rapproche du niveau de plein emploi que certains évaluent à 5%, des tensions sur les salaires apparaissent et poussent donc l'inflation à la hausse, ce qui laisse anticiper des tensions sur les taux d'intérêts comme cela s'est passé récemment aux Etats-Unis. Au Maroc, ceux pour qui le taux de chômage n'influence absolument pas leurs décisions de placement en Bourse sont probablement motivés par trois principaux points. Le premier est celui de l'évaluation statistique et non administrative du chômage, en l'absence d'indemnisation à large échelle. Cette évaluation statistique fait que les chiffres nécessitent souvent des retraitements et/ou des nuances. Ainsi, les derniers chiffres publiés par le HCP font ressortir que le taux de chômage est passé au niveau national de 9,9% en 2016 à 10,2% en 2017. Toutefois, en milieu urbain, le taux de chômage qui est plus élevé est à 14,7%. En particulier, le chômage en milieu rural a connu une stagnation à 4% en milieu rural et surestime l'emploi au niveau global. De plus, c'est l'emploi non rémunéré qui minimise le chômage en campagne. De même, le taux de chômage est minoré par le faible taux d'activité qui a reculé de 47% à 46,7% entre 2016 et 2017. En effet, ce taux est de seulement 22,4% chez les femmes, ce qui donne une indication sur la situation du chômage si les deux sexes affichent le même niveau d'activité. Aussi, le taux de chômage est de 26,5% chez les jeunes âgés de 15 à 24 ans et de 17,9% parmi les détenteurs d'un diplôme. Justement, la deuxième motivation de non prise en compte du chômage dans l'investissement en Bourse est probablement liée à la perception d'un caractère structurellement élevé de cette variable au Maroc. Ainsi, c'est une baisse significative et perceptible du chômage qui pourrait interpeller les investisseurs en Bourse. Le troisième élément est le calendrier avec une publication des statistiques du chômage après celles de la croissance et de l'inflation. Ainsi, l'investisseur a déjà les données macro-économiques entre les mains quand les statistiques sont publiées. Quant à ceux qui prennent en compte le critère du chômage avant d'investir en Bourse, il s'agit certainement d'un souci d'évaluation du moral des agents économiques. En effet, plus l'optimisme est de mise, plus les entreprises vont recruter et plus les ménages sont incités à consommer sans avoir peur de l'avenir. Par ailleurs, les investisseurs peuvent croiser le taux de chômage et la création d'emplois avec les autres indicateurs comme la croissance, l'inflation, les prix à la production, le taux d'utilisation des capacités et la variation des crédits, pour affiner l'analyse du tableau macro-économique. Farid Mezouar DG de FL Market Les Inspirations ECO : Dans l'absolu comment évolue le chômage ? Farid Mezouar : Les données sont plutôt préoccupantes car même avec une croissance de 4,6%, le chômage a progressé. En effet, l'économie marocaine n'a créé en 2017 que 86.000 postes dont 31.000 en milieu urbain. En 2016, avec une croissance de 1,2%, l'économie a perdu 37.000 postes en 2016. Ainsi, la croissance au Maroc ne crée pas assez d'emplois, ce qui ne lui permet pas de s'auto-entretenir en stimulant significativement la demande interne. Comment appréhender en Bourse le taux de chômage ? En plus des éléments cités au sujet de l'analyse affinée macro-économique, à un niveau Bottom Up, plusieurs secteurs sont des biens de consommation destinés au grand public. Ainsi, la création d'emplois stimule la demande de ces biens de consommation. Par ailleurs, le secteur de l'immobilier social est aussi influencé par le chômage car l'existence d'une demande solvable est liée à l'amélioration de l'emploi rémunéré. l