38% des 732 internautes qui ont répondu au sondage en ligne de Flm ont estimé que la conjoncture économique actuelle encourage à investir. À l'opposé, 62% estiment que les conditions économiques actuelles ne sont pas favorables à l'investissement. Cette question aurait pu être posée différemment en s'interrogeant sur le degré de satisfaction vis-à-vis de la conjoncture économique actuelle et son impact sur l'investissement, même si ce n'est pas l'unique aspect pris en considération par les investisseurs. En particulier, selon The Global Competitiveness Report 2017-2018 du World Economic Forum, le Maroc pointe à la 71e place, perdant un rang. Le Maroc devance toutefois l'Algérie (86e), la Tunisie (95e) et l'Egypte (100e). Néanmoins, ce classement a écarté tout frein à l'investissement en provenance de la conjoncture économique car le WEF n'a quasiment cité aucun élément macroéconomique comme facteur bloquant du Doing Business. Le top 5 de ces facteurs est constitué par la corruption, la bureaucratie, l'accès aux financements, la fiscalité et le manque d'adaptation des ressources humaines. Idem, en termes de classement de compétitivité, le Maroc pointe à la 55e place au niveau de l'environnement macroéconomique et se situe au 54e rang pour les infrastructures et à la 53e place pour la taille du marché. Ainsi, ceux qui sont satisfaits des résultats de l'économie nationale peuvent tout d'abord penser au taux directeur de BAM qui est stable à 2,25%, ce qui doit théoriquement orienter l'épargne vers l'investissement réel à la place des placements en obligations ou en DAT bancaires. Aussi, selon BAM, l'inflation a fortement ralenti, passant de 1,9% au cours des deux premiers mois de 2017 à 0,2% en moyenne sur les six mois suivants, sous l'effet principalement du repli des prix des produits alimentaires à prix volatils. Surtout, l'inflation devrait ressortir à 0,6% sur l'ensemble de l'année 2017, avant de s'accélérer à 1,3% en 2018. De même, la croissance économique est au rendez-vous car la valeur ajoutée agricole connaîtrait ainsi un rebond de 14,7% en 2017, avant de reculer de 1% en 2018 sous l'hypothèse d'une campagne agricole moyenne. Pour ce qui est des activités non agricoles, elles devraient poursuivre leur reprise, le rythme de progression de leur valeur ajoutée devant passer de 2,2% en 2016 à 2,9% en 2017 puis à 3,5% en 2018. Au total, après un taux de 1,2% en 2016, la croissance globale devrait, selon les prévisions de Bank Al-Maghrib, s'accélérer à 4,3% en 2017 et revenir à 3,1% en 2018. Idem, la machine à crédits est repartie car le crédit bancaire au secteur non financier a enregistré une hausse de 4,3% au terme des sept premiers mois de l'année. Elle devrait continuer à se renforcer graduellement selon BAM pour terminer l'année sur une croissance de 4,5% et progresser de 5% en 2018 contre 3,9% en 2016. Quant à ceux qui sont plus réservés sur l'impact positif de la conjoncture économique, nous pouvons penser au déficit budgétaire. Celui-ci devrait avoisiner 3,5% du PIB en 2017 et 3,2% en 2018. Certes, une telle situation est positive pour les orthodoxes de la discipline budgétaire, mais ceci signifie aussi, dans le meilleur des cas, une stagnation de la commande publique. De même, la demande marocaine profite toujours davantage à l'étranger, comme le montre le déficit commercial de 127,2 MMDH à fin août 2017, en hausse de 4%. Ainsi, selon BAM, pour le déficit courant, celui-ci devrait s'atténuer de 4,4% du PIB à 3,9% en 2017 et s'établir à 4% en 2018. Ainsi, certes, le déficit s'améliore légèrement, mais il est toujours dans le rouge ce qui demeure problématique, notamment dans un contexte de passage à un taux de change flexible. Farid Mezouar DG de FL Market Les Inspirations ECO : Quel est le lien entre la conjoncture économique et l'investissement ? Farid Mezouar : Dans une approche top-down, la croissance économique est la première donnée de laquelle découle la hausse du chiffre d'affaires ou les opportunités de commerce. À titre d'exemple, en Bourse, les années de croissance du PIB sont souvent celles de la hausse de l'indice boursier. Par ailleurs, la faible inflation encourage l'épargne et soutient le pouvoir d'achat, ce qui peut encourager l'investissement et/ou la consommation, déclenchant une spirale positive. Pourquoi des observateurs sont-ils pessimistes au sujet de l'économie nationale ? C'est l'histoire du verre à moitié vide ou de l'adage «Le meilleur est l'ennemi du bien». Le Maroc peut certes mieux faire dans plusieurs domaines, mais les chiffres sont là, avec une croissance non-agricole qui se redresse au-dessus des 3% annuels. Aussi, l'agriculture stimule toujours notre économie tout en étant une pièce principale de l'aménagement du territoire. Néanmoins, il faudra résoudre la problématique du déficit commercial car, comme le disait le wali de BAM, nous ne pouvons nous accommoder de cette fatalité.