C'est reparti pour un tour. Ce soir, Marrakech ressort tapis rouge, smokings, robes du soir, strass et paillettes...pour la 11e édition du Festival international du film de Marrakech (FIFM). Le temps d'un festival, la ville ocre se tranformera en un laboratoire cinématographique où premiers films et productions de cinéastes confirmés seront présentés à un public de plus en plus nombreux. Après onze années d'existence, cette manifestation a su en effet s'imposer sur l'échiquier cinématographique régional. Considéré au début comme un festival mineur, le FIFM a prouvé au fil des éditions qu'il est aussi un rendez-vous cinématographique de grande facture. La qualité des films sélectionnés et celle des artistes conviés en attestent. En effet, de grands noms du 7e art international ont fait leur apparition à Marrakech durant la période de cette manifestation. Certains d'entre eux ont même animé des master classes pour le bonheur des cinéphiles. Martin Scorsese, Francis Ford Coppola, Youssef Chahine, Leonardo DiCaprio, Ridley Scott, Catherine Deneuve, Daniel Day Lewis, Milos Forman, Sean Connery, Nour Sherif, Abbas Kiarostami, John Malkovich et bien d'autres stars ont foulé le tapis rouge du FIFM. Quand aux productions présentées tout au long de ce parcours, elles sont certes réalisées par des cinéastes méconnus, mais séduisent par leur qualité cinématographique. Un choix assumé par les organisateurs qui préfèrent donner la chance à des films, souvent à petit budget, venus d'horizons différents d'être projetés lors de cet événement. Bref, la Fondation du FIFM est en train de dessiner les contours d'un joli scénario. Le festival de Marrakech n'est-il pas l'un des événements cinématographiques les plus plébiscités en Afrique et dans le monde arabe ? Un jury des plus éclectiques Pour célébrer le 11e anniversaire du festival, la Fondation du FIFM a déjà donné le ton en choisissant un jury des plus éclectiques. Présidé par le talentueux Emir Kusturica, le jury de cette année se compose, comme à l'accoutumée, de bon nombre de stars internationales. Il s'agit de la comédienne américaine Jessica Chastain, de l'actrice iranienne Leïla Hatami, du réalisateur philippin Brillante Ma. Mendoza, de l'actrice italienne Maya Sansa, de la réalisatrice française Nicole Garcia, du cinéaste marocain Abdelkader Lagtaâ (il signe là son retour après une absence de presque quatre ans de la scène artistique), du réalisateur franco-roumain Radu Mihaileanu et de la scénariste indienne Aparna Sen. Issues du monde du cinéma, ces personnalités (pour la première fois, le jury du festival ne se compose pas d'une star arabe) auront la responsabilité d'élire parmi les films sélectionnés, ceux qui seront récompensés. Des premiers films, encore et toujours ! Cette année encore, la compétition officielle, regroupant 15 films, rend un hommage appuyé au cinéma de demain. Avec 10 premiers films et trois deuxièmes films, le FIFM présente des cinématographies peu connues du public marocain, venues de pays tels que les Philippines, la Bosnie-Herzégovine, la Thaïlande, l'Australie ou la Bulgarie. Cette sélection prouve que le FIFM est avant tout une occasion pour dénicher les cinéastes de demain. D'ailleurs, les organisateurs n'ont pas cessé de confirmer que Marrakech a une vocation claire, celle de faire découvrir un cinéma d'une grande valeur artistique, sans pour autant qu'il soit reconnu au niveau mondial. Les 15 films en lice pour les quatre prix (Etoile d'or/ Grand Prix, Prix du jury, Prix d'interprétation féminine et prix d'interprétation masculine) seront donc projetés sous l'œil vigilant d'Emir Kusturica. Par ailleurs, c'est le film «L'amante du Rif», de Narjiss Nejjar qui aura la lourde tâche de représenter le cinéma national. Ce long métrage, le quatrième de la réalisatrice, a été également désigné comme film d'ouverture du festival. Un choix qui a fait couler beaucoup d'encre ! Annaud, Gilliam et les autres Après Francis Ford Coppola, Martin Scorsese, les frères Dardenne, Jim Jamusch, Christopher Doyle, Nour Sherif... c'est au tour de Jean-Jacques Annaud, de Terry Gilliam, de Marco Bellocchio, de Nurri Bilge Ceylan et de Roland Joffe d'animer une série de master classes. Les professionnels, le public et les étudiants auront ainsi l'occasion de traverser l'écran et de regarder les films dans leur processus de fabrication. Des films qui ont marqué à jamais l'histoire du cinéma, notamment «Le nom de la rose», «Sept ans au Tibet», «L'armée des douze singes» et «Las Vegas Parano», seront ainsi décortiqués lors de ces rencontres. Les master classes qui s'inscrivent dans la stratégie de la Fondation du FIFM, qui vise de faire de Marrakech un lieu de rencontres entre les professionnels d'ici et d'ailleurs, sont devenus au fil du temps l'un des moments forts du FIFM. Des hommages encore et toujours Après James Caan, Harvey Keitel, Kiyoshi Kurosawa et le réalisateur marocain Mohamed Abderramane Tazi, honorés en 2010, le Festival rend cette année hommage à des personnalités venues d'horizons différents, confirmant ainsi son rôle de carrefour de cinématographies mondiales. Le Marocain Mohamed Bastaoui, les Américains Terry Gilliam et Forest Whitaker, l'Italien Marco Bellocchio, l'Indien Shah Rukh Khan et le Franco-marocain Roschdy Zem auront donc droit à un grand hommage lors de cette 11e édition du FIFM. Des noms qui ont contribué d'une manière ou d'une autre à développer l'industrie cinématographique dans leurs pays respectifs. «Je suis très ému... Me rendre hommage lors du festival de Marrakech me touche énormément», a déjà déclaré l'acteur Mohamed Bastaoui. Coup de pouce aux cinéastes en herbe Instauré l'année dernière, le concours de courts métrages a été maintenu lors de cette édition. Destiné aux élèves des instituts et écoles de cinéma au Maroc, «Cinécoles» a pour objectif de dénicher de nouveaux talents, en mettant en place un espace de création cinématographique et d'insertion professionnelle au profit de ces cinéastes en herbe. Dix courts métrages seront désignés par un jury composé d'éminentes personnalités, avec à leur tête la star américaine Sigourney Weaver. Ce même jury décernera un seul et unique Grand Prix pour le court-métrage gagnant, en se basant sur les qualités cinématographiques et artistiques de l'œuvre et le savoir-faire de son réalisateur. Le prix sera personnellement doté par le Prince Moulay Rachid d'un montant de 300.000 dirhams. Selon les organisateurs, cette somme demeurera dans sa totalité sous la gestion de la Fondation du FIFM et sera consacrée exclusivement à la réalisation d'un second court métrage, qui devra être réalisé et achevé dans les trois ans qui suivent le palmarès. Vive le cinéma marocain ! Pour la première fois, le FIFM a mis en place une section «Coup de cœur au cinéma marocain». Ce n'est pas tout, les films d'ouverture et de clôture seront aussi marocains. Il s'agit de «L'amante du Rif» de Narjiss Nejjar et «Death for sale» de Faouzi Bensaïdi. Les festivaliers auront aussi le droit de découvrir «Andalousie, mon amour !» de Mohamed Nadif, «The end» de Hicham Lasri, «Sur la planche» de Leïla Kilani et «Le retour du fils» de Ahmed Boulane. Alors que «Death for sale», «Sur la planche» et «The end» ont été déjà présentés en avant-première au Maroc ou ailleurs, «L'amante du Rif», «Andalousie mon amour» et «Le retour du fils» seront projetés pour la première fois. Cette initiative prise par les organisateurs donnera sans aucun doute un coup de pouce au cinéma national. Le cinéma mexicain à l'honneur Le Festival international du film de Marrakech a choisi d'ouvrir sa malle aux trésors du cinéma mexicain en lui rendant un hommage exceptionnel. Une importante délégation conduite par des artistes de renom tels que Guillermo Del Toro et Gael García Berna (on parle depuis quelques semaines déjà de la présence de l'actrice Selma Hayek, mais l'information n'est pas encore confirmée par les organisateurs) est invitée à fouler le tapis rouge. Parallèlement, 20 productions seront projetées tout au long du festival. Le choix du cinéma mexicain n'est point fortuit. Reconnu par sa diversité, il est aujourd'hui le plus développé et le plus vif d'Amérique latine. Cette cinématographie latino-américaine est reconnue pour sa diversité et l'aura internationale de certains de ses talents. Vive et ambitieuse, l'industrie cinématographique mexicaine a la capacité de concilier grandes productions populaires et cinéma d'auteur exigeant. Lors de cette édition, le FIFM célèbrera la jeune génération, le nouvel âge d'or du cinéma mexicain qui, ces dix dernières années, voit la consécration de talents mexicains sur la scène internationale.