Muet depuis sa démission, Saad Hariri est sorti de son silence. Le fils de Rafik Hariri a choisi d'accorder une interview à la chaîne de télévision libanaise «Future», affiliée à son courant politique du «24 mars». Le premier ministre libanais démissionnaire, qui se trouve toujours en Arabie saoudite, a annoncé qu'il rentrerait «dans les prochains jours» au Liban sans pour autant fixer de date précise. Dans cette interview, l'homme politique a également affirmé avoir présenté sa démission dans l'intérêt du Liban afin de créer un «choc positif au pays», selon ses propres termes. «Je vais rentrer au Liban très bientôt pour entamer les procédures constitutionnelles nécessaires car ma démission n'est pas constitutionnelle», a-t-il déclaré. Il a évoqué la possibilité de revenir sur sa décision mais en posant une condition : que le Liban applique une politique de «dissociation» et de neutralité dans les conflits régionaux, notamment en Syrie et au Yémen. Lors de son discours de démission, diffusé par la chaîne saoudienne, Al-Arabiya, Hariri avait dénoncé la «mainmise» de l'Iran et du Hezbollah, membre de son gouvernement et proche de Téhéran sur les affaires intérieures du Liban. Le geste de Saâd Hariri a très rapidement été perçu comme un nouveau bras de fer entre l'Arabie saoudite sunnite, important soutien de M. Hariri et l'Iran chiite, grand allié du Hezbollah libanais. Les deux poids lourds du Moyen-Orient s'affrontent déjà sur plusieurs dossiers régionaux. En ce qui concerne la liberté de ses mouvements, Saad Hariri a également précisé qu'il était «libre en Arabie saoudite», pays dont il possède la nationalité. «Si je veux voyager demain, je voyage», a lancé M. Hariri, qui a assuré entretenir une relation «excellente et privilégiée» avec le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salmane. Des propos qui contredisent ceux du président libanais Michel Aoun, qui affirmait que son premier ministre, dont il n'a toujours pas accepté la démission, ne disposait que d'une liberté restreinte.