Le FMI a décerné un satisfecit au Sénégal pour ses bonnes performances économiques, à l'issue de la 5e revue de l'ISPE. Et les perspectives s'annoncent encore meilleures pour 2018. Avec une croissance projetée au-dessus de 6% pour la troisième année consécutive et une inflation autour de 2% en 2017, les perspectives macroéconomiques du Sénégal sont pour le moins favorables. C'est le principal constat d'Ali Mansoor, le chef de mission du FMI pour le Sénégal, à l'issue de la cinquième revue de l'Instrument de soutien à la politique économique (ISPE), le 19 septembre. Selon lui, la mise en œuvre du programme appuyé par l'ISPE demeure «globalement satisfaisante». En effet, les objectifs quantitatifs fixés pour fin juin 2017 ont été réalisés, hormis l'objectif relatif aux recettes fiscales du fait d'un niveau de recettes pétrolières inférieur aux prévisions, nonobstant les progrès réalisés en matière de gestion des finances publiques. Dans ce contexte, les perspectives macroéconomiques pour 2018 restent très «favorables», souligne la mission du FMI. Mais pour maintenir cet élan de croissance à moyen terme, les réformes prévues au régime de Zone économique spéciale (ZES) doivent être «étendues» pour promouvoir le développement des PME et mobiliser l'investissement direct étranger (IDE) afin d'assurer une production compétitive au plan mondial. Ainsi, le FMI salue le recours du gouvernement sénégalais au Compact pour l'Afrique du G20 pour étendre et accélérer les réformes de la ZES visant à instaurer une gouvernance économique fondée sur des règles et un régime fiscal transparent. «Le remplacement des trêves fiscales de 50 ans dans la ZES par un impôt sur le revenu de 15% ne pouvant faire l'objet d'exonérations est une mesure positive», estime Ali Mansoor. D'autres réformes visant à soumettre tous les investisseurs de la ZES à la TVA assortie d'un régime de remboursement rapide pour les exportations sont nécessaires à son avis. Ce qui assouplirait les contrôles quant aux investisseurs admissibles dans la zone, facilitant ainsi la sortie des PME de l'informel. L'appui dans le cadre du Compact pour l'Afrique permettra également de s'attaquer aux goulets d'étranglement infrastructurels de la ZES, en particulier celui de l'électricité. Tout l'enjeu est d'éviter les mêmes erreurs du passé. En effet, durant les quatre dernières décennies, le Sénégal a souvent eu des pics de croissance temporairement élevée avant de chuter parce qu'on n'a pas réussi à ouvrir l'espace pour le développent des PME. Ali Mansoor Chef de mission du FMI pour le Sénégal Il y a beaucoup de progrès qui ont été accomplis depuis le début de l'ISPE. Ce n'est pas seulement le FMI qui fait ce constat. Le dernier Eurobond lancé par le Sénégal a été souscrit huit fois plus que le montant recherché, à un taux plus intéressant que lors du premier Eurobond, malgré un resserrement des conditions mondiales. Mais pour atteindre l'émergence, il faut continuer le bon travail qui a commencé pour améliorer l'efficacité de la dépense publique, s'assurer qu'il y a suffisamment de recettes afin de financer le PSE, financer le social, l'investissement dans le capital humain et l'infrastructure publique». Cemille Sancak Représentante résidente du FMI Les réformes actuelles visent à diversifier l'économie du Sénégal. La production de pétrole, qui amènera plus de recettes, commencera dans six ou sept ans, mais entre-temps, je pense que le Plan Sénégal Emergent est bien parti pour diversifier l'économie. Depuis quelques années, le gouvernement est passé de réformes simples à des réformes plus complexes pour améliorer les conditions de vie des populations et créer un cadre favorable à une croissance inclusive». Attention à la dette ! Si tous les indicateurs économiques semblent être au vert, le FMI invite les autorités sénégalaises à surveiller de près l'évolution de la dette publique qui a connu un accroissement relativement rapide ces dernières années. Surtout avec le dernier Eurobond qui a permis au Sénégal de lever plus d'un milliard de dollars sur les marchés financiers. Conséquence? Le service de la dette est passé d'environ 24% en 2014 à 30% pour fin 2017. Dans ces conditions, l'assainissement budgétaire devrait connaître un léger ralentissement en 2018, conduisant à un déficit d'environ 560 millions d'euros (3,5% du PIB) afin de dégager une marge pour exécuter les projets financés par des ressources concessionnelles. Pour éviter que cet assouplissement n'entraîne une croissance excessive du service de la dette à moyen terme, le FMI recommande de réduire les exonérations fiscales, d'intégrer les recettes quasi-budgétaires dans le budget et d'assurer l'évaluation de tous les nouveaux projets d'investissement financés sur ressources intérieures. Si ces mesures sont appliquées, elles devraient contribuer à ramener le service de la dette au niveau de 2014 au cours des dix prochaines années.