On ne le dira jamais assez ! Les photographes contemporains arabes, turcs et iraniens ont un indéniable talent. Conviés aux grands Salons et foires internationaux, ils ont réussi au fil des ans à s'imposer sur la scène artistique internationale. Partant de ce fait, la Compagnie marocaine des œuvres et objets d'art (CMOOA), organise ce samedi 26 novembre la première vente aux enchères au Maroc de photographies contemporaines arabes, turques et iraniennes. Constituée d'environ 70 photographies, la vente comprend des œuvres majeures signées de grands noms de cet art contemporain plébiscités par les professionnels dont la célèbre iranienne Shirine Neshat, l'Egyptien Youssef Nabil, le Marocain Hicham Benohoud, l'Iraquien Sami Al Karim ou encore le Turc Burçak Bingol. Suspendues ostensiblement au siège de la CMOOA, les photographies (dont une bonne partie a été présentée à l'expo 2011 de Marrakeh Art Fair) traitent de sujets divers. «Nous n'avons pas procédé au choix des photographies par thème. Ce sont plutôt les artistes qui nous intéressent», nous a expliqué le responsable communication de la CMOOA, Alexandre Aublanc. C'est ainsi que l'on peut découvrir l'aspect tragique des œuvres de Shirin Neshat, ou encore la profondeur des photographies de Fouad Maâzouz. En effet, parmi les lots les plus remarquables proposés lors de cette vente aux enchères, on distingue celui des œuvres réalisées par des figures de la scène iranienne et signées entre autres par Shirine Neshat. L'artiste, lauréate en 1998 du Lion d'or à la 48e Biennale de Venise, nous renvoie avec «Summer 53 #4» (2008) à l'année 1953, qui constitue un tournant dans l'histoire de l'Iran moderne. C'est l'année où tout a basculé dans le pays suite au renversement de Mohamed Mossadegh. Shirine reconstitue en effet l'événement sous la forme d'une manifestation tournée à Casablanca en 2008, comme métaphore du coup d'Etat. «Revolutionary Man», réalisée en 2008 par Shirine, reste d'ailleurs l'œuvre dont l'estimation est la plus chère (entre 600.000 et 700.000 DH). La photographie iranienne est présente également à travers deux œuvres de Reza Aramesh. Tirées de la série Action, ces photos en noir et blanc sont aussi tragiques que celles de Neshat. Elles mettent en scène des Palestiniens assis à même le sol les yeux bandés ou encore des Coréens arrêtés à cause de leurs opinions politiques. Nabil, Maâzouz, Benoucheta... La photographie arabe est représentée par un grand nombre d'artistes marocains, égyptiens, algériens, tunisiens, saoudiens, libanais ou encore irakiens. Youssef Nabil qui a exposé récemment ses œuvres à la galerie HD à Casablanca (entité appartenant à la CMOOA) y est représenté par «Ehsan and Light» dont l'estimation varie entre 350.000 et 400.000 DH. Le Saoudien Faisal Samra est présenté dans cette vente aux enchères par un triptyque «Distored reality. Performance #5».Quant à l'artiste égyptien Moataz Nasr, très connu pour avoir exploré tous les supports d'expression, de la peinture aux installations en passant par la sculpture, la photographie ou la vidéo, il est présent à Casablanca via Insecure (2006), qui reste parmi les œuvres les plus insolites proposées par les organisateurs de la vente aux enchères. Côté marocain, les œuvres de Hassan Hajjaj, Hicham Benohoud, Mohamed El Baz, Lamia Naji, Malik Nejmi, Ali Chraibi, Fatima Mazmouz, Fouad Maâzouz, Daoud Oulad Sayed ou encore Jamal Benabdeslam sont fortement présentes. Une liste longue qui en dit long sur l'importance que prend la photographie contemporaine dans notre pays. Enfin, la Turquie, est représentée par le duo Alex and Felix, Zeren Götkan et Burçak Bingol, des artistes qui interrogent, eux aussi, sur les événements aléatoires de la vie.