Dans le grand concert d'opposition à Trump et de renouvellement des engagements en faveur du climat, quelques initiatives sortent du lot. C'est le cas de l'offensive lancée par Emmanuel Macron au soir même de la déclaration américaine de se retirer de l'Accord de Paris. L'impression dominante après le coup de tonnerre du retrait des Etats-Unis de l'Accord de Paris a été celle d'une résistance soudée du reste de la communauté internationale et d'une mobilisation plus affirmée encore des acteurs de la société civile, à commencer par les villes, entreprises et états américains. Bloomberg et la Californie en tête de la résistance Plusieurs initiatives marquantes ont été annoncées dans les heures qui ont suivies la déclaration de Trump. Michael Bloomberg, richissime homme d'affaires et ancien maire de New York, très actif au sein du réseau C40 des villes les plus engagées dans la lutte contre le changement climatique, n'a pas ménagé sa peine. Dès le 2 juin, il promettait de verser de sa poche les 15 millions de dollars correspondant à la contribution américaine aux opérations du secrétariat de la Convention climat de l'ONU (CCNUCC), «dont celles pour aider les pays à mettre en place leurs engagements dans le cadre de l'Accord climat de Paris de 2015». Le 5 juin, il remettait aux Nations Unies une lettre signée par plus de 1.000 organisations prêtes à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Le 6 juin, c'est le gouverneur de Californie Jerry Brown qui se rendait en Chine pour y conclure un pacte commun contre le changement climatique avec l'objectif «d'approfondir la coopération dans le développement des technologies vertes», en vue de la recherche, de l'innovation et de la commercialisation, sous la forme d'un partenariat Californie-Chine pour les technologies propres. L'accord a été signé entre l'Etat de Californie et le ministère chinois de la Science et de la technologie à l'issue d'une rencontre à Pékin entre le président chinois, Xi Jinping et le gouverneur de Californie. 240.000 retweets pour Macron Mais sur le plan de la communication, c'est probablement Emmanuel Macron qui a marqué le plus gros point avec son discours prononcé en français et en anglais dans la soirée même de l'annonce de Trump. Son détournement du slogan martelé par Donald Trump à la moindre occasion «Make America great again» en «Make our planet great again» a remporté un succès inédit sur les réseaux sociaux avec 240.000 retweets. Dans cette même allocution télévisée, le président français invitait à nouveau (comme l'avait déjà fait le candidat En marche en février dernier) les chercheurs, startups, PME et ONG s'intéressant au climat à venir s'installer en France. S'il est difficile d'anticiper le succès de la démarche, on ne peut reprocher au chef de l'Etat - sans aucun doute épaulé par son ministre de l'Ecologie, Nicolas Hulot - d'avoir manqué, depuis, de suite dans les idées. Le lendemain, il téléphonait au pape François, avant de s'entretenir le samedi suivant avec le Premier ministre indien Narendra Modi notamment sur l'énergie solaire. Le 6 juin, l'Elysée conviait entrepreneurs, experts, ONG et scientifiques à une table ronde sur la «mobilisation» pour le climat. Un portail en anglais pour attirer chercheurs et entrepreneurs Depuis le jeudi 8 juin enfin, soit moins d'une semaine après l'annonce du retrait américain, le portail«Makeourplanetgreatagain.fr», pour l'heure uniquement en anglais, guide chercheurs, entrepreneurs, ONG et étudiants désireux de s'installer en France pour y développer des projets sur le climat. L'Elysée se félicite d'une «démarche inédite pour mener le combat contre le réchauffement climatique et affirmer le leadership de la France» et d'un «outil ambitieux et très concret». S'il ne résout encore aucune des questions liées à la création, en période de disette budgétaire, de postes de chercheurs (par ailleurs habitués à des salaires sans commune mesure aux Etats-Unis), on ne peut que louer la réactivité et l'agilité de l'Exécutif, qui affirme n'avoir dépensé que 22.000 euros pour cette plateforme, bientôt accessible également en français. Les ambitions de Paris dans la finance climat Mais Trump n'est pas le seul à donner à la France des envies de surfer sur la vague de la COP21 en prenant des positions audacieuses sur le climat. Ainsi, Paris Europlace (l'organisation en charge de promouvoir et développer la place financière de Paris), qui entend tirer son épingle du jeu dans le contexte du Brexit, mise de plus en plus sur la finance responsable pour se distinguer. Après avoir lancé en mai 2016 l'initiative «Paris Green and Sustainable Finance» afin de capitaliser sur ses atouts dévoilés au moment du premier Climate Finance Day et de la COP21, la place de Paris profitera de la conférence annuelle des Green Bonds Principles pour lancer une marque destinée à «faire rayonner en France et à l'international» son «excellence en matière de finance verte et durable». Dans ce contexte, difficile de dire si le projet annoncé par Emmanuel Macron d'exhumer le projet de taxe sur les transactions financières, destinée à contribuer au financement des impacts du changement climatique, mais honnie des lobbies bancaire et financier, jouera pour ou contre la place de Paris...