Extraordinaire Vincent Lindon qui a su sauver le film «Rodin», de Jacques Doillon. Le réalisateur est, en effet, passé à côté d'un grand film. Explications. Un film tant attendu pour une déception quasi-inattendue. Rodin, le biopic de Jacques Doillon qui le voulait documentaire au départ et qui a décidé d'en faire une fiction, revient sur le moment de la vie de Rodin où il a la reconnaissance de ses pairs et de l'Etat. Rodin reçoit enfin à 40 ans sa première commande de l'Etat : ce sera La Porte de l'enfer, composée de figurines dont certaines feront sa gloire, comme le Baiser et le Penseur. Il partage sa vie avec Rose, sa compagne de toujours, lorsqu'il rencontre la jeune Camille Claudel, son élève la plus douée qui devient vite son assistante, puis sa maîtresse. Dix ans de passion, mais également dix ans d'admiration commune et de complicité. Après leur rupture, Rodin poursuit son travail avec acharnement. Il fait face et au refus et à l'enthousiasme que la sensualité de sa sculpture provoque et signe avec son Balzac, rejeté de son vivant, le point de départ incontesté de la sculpture moderne. Vincent Lindon joue un Rodin, qui, à 60 ans, vit entre sa sculpture et sa passion folle pour Camille Claudel. D'ailleurs, Vincent Lindon ne joue pas, il est Rodin ! Une interprétation incroyable où l'acteur est habité par son personnage. Il passera d'ailleurs 6 mois à apprendre la sculpture pour ne pas «tricher» devant la caméra. Précis, juste, intense, l'acteur sauve le film du flop. Un film qui passe à côté de la magie d'un des plus grands sculpteurs de l'histoire. Décousu, répétitif et sans âme, le film montre un Rodin amoureux des femmes et de ses œuvres, mais sans profondeur, sans feu, sans folie. Camille Claudel est éteinte avec une Izia Higelin peu convaincante. La mise en scène classique et simple plombe le film dont on sent les 2 heures défiler. On se réjouit des beaux plans-séquences où l'on admire le génie de Rodin et le travail manuel et corporel de Lindon. Une chose est sûre, ce film aura du mal à rafler une palme d'or à la fin de la semaine. Dommage.