L'Union pour la Méditerranée (UpM) se penche sur la question du «développement urbain durable», un thème doublement global, puisqu'il s'applique à l'ensemble des territoires nationaux concernés et à l'échelle des villes qui y existent. Sous la co-présidence de Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre française de l'Ecologie, et de Mohamed Al Baradei, ministre égyptien du Logement et en présence d'une vingtaine de ministres des pays du pourtour méditerranéen, cette première réunion ministérielle, tenue du 9 au 10 novembre, devrait permettre aux membres de cette Union d'accoucher d'une déclaration commune sur les perspectives de développement urbain durable dans la région, en adoptant une sorte de «feuille de route», qui vise à renforcer la coopération régionale en la matière. À l'ordre du jour des débats programmés, les projets intégrés pour bâtir la ville durable, la cohésion sociale (comme) enjeu de la ville durable et la relation ville durable/développement territorial. En effet, du fait de l'importance que revêtent les phénomènes de croissance démographique dans la région du sud de la Méditerranée et de la forte pression urbaine (demande exacerbée de logements) qui y sévit, le système de production urbaine qui y prévaut jusqu'à aujourd'hui, fondé sur un mode fonctionnel de conception du bâti et une conception sectorisée et spécialisée de l'aménagement urbain, semble désormais obsolète. Le développement urbain durable participe précisément de cette idée de promouvoir des processus de développement de la ville sur elle-même, par opposition à ceux antérieurs basés essentiellement sur l'étalement urbain, source de bien des problèmes d'ordre économique (paupérisation des populations excentrées) et social (insécurité, délinquance, insalubrité précoce des constructions, conditions de vie intenables, absence de services publics et sociaux à proximité, etc.). Créer de la valeur Rapporté au pays du sud de la Méditerranée, le choix de la thématique urbaine a valeur d'incitation à la normalisation sociale et urbaine des villes du Sud, en vue de rattraper leur retard de développement sur leurs aînées du Nord. Il s'agit alors de redynamiser, de refonder, de revitaliser, enfin de faire revivre les villes du sud de la Méditerranée, en revalorisant l'aménagement de l'existant en termes de bâti, mais aussi en réfléchissant sur la capacité des «nouvelles villes durables» à créer de la valeur. Cependant, entre démarche participative qui vise à offrir aux habitants d'un quartier urbain un cadre de vie idéal et le souci de créer de la valeur aux travers des projets urbains, les pouvoirs publics et les investisseurs se trouvent souvent confrontés à deux objectifs foncièrement contradictoires. Cette difficulté s'exacerbe dès lors que s'y greffe l'impératif de mixité sociale, rendu nécessaire par le chevauchement des espaces «riches» et «pauvres» au cœur même des villes du Sud. Toutefois, avant de concevoir des «projets urbains durables», et ou d'engager des mises de fonds publics considérables, il convient de se doter d'une grille de lecture urbaine, sociale, économique et même culturelle, en somme globale, à même d'identifier les sources réelles des problèmes constatées notamment au sud de la rive méditerranéenne, et de contribuer au choix des instruments d'intervention les plus pertinents. Le défi consiste à revitaliser les espaces urbains, tout en amorçant un changement social. Les chantiers qui attendent les membres de l'UPM en la matière semblent infinis, autant d'ailleurs que les problèmes auxquels sont confrontées les villes du Sud.