Pour sa 12e édition, le Jazzablanca s'éloigne un peu du Jazz mais confirme sa place de Festival éclectique et raffiné. Têtes d'affiches, groupes qui ont marqué des générations ou respectés du milieu, tout est permis du 8 au 12 avril à l'Hippodrome d'Anfa ! Coulisses. Tout en se permettant des écarts par rapport au jazz pur et simple, Jazzablanca fait rêver les mélomanes ! Même le plus féru de jazz ne peut pas résister au magnétisme de LP, à la profondeur de AaRON, à l'authentcicité de Murray Head puisqu'il peut se consoler avec Pink Martini, qui redonne goût au Music Hall made in France ou le jazz made in America avec un arrière-goût de Cuba, Christian Scott qui donne de la cool attitude au jazz de la Nouvelle-Orléans ou encore avec le pianiste jazz latino de talent Roberto Fonseca ! Et oui, difficile de critiquer un festival qui a du goût. Une programmation sophistiquée La Jazzablanca commence avec une artiste au charisme et au magnétisme rares : LP. Une voix atypique, un style bien à elle, Laura Pergolizzi alias LP est d'abord connue pour écrire des chansons pour les plus grands comme Rihana, Christina Aguilera ou les Backstreet Boys. New-Yorkaise jusqu'au bout des ongles, elle préfère demeurer discrète tout en sortant 3 albums Heart-Shaped Scar (2001), Suburban Sprawl & Alcohol (2004) et Forever Now (2014) qui n'ont pas eu le succès escompté. Avec «Lost on You» sorti en 2016, LP devient une véritable coqueluche planétaire avec des tubes forts comme «Lost on You», «Muddy Waters», «Into the wild» ou encore «Tokyo Sunrise». Une ouverture en beauté le 8 avril qui promet un concert plein d'énergie ! «Cette édition marque une nouvelle étape dans l'histoire du premier festival de jazz au Maroc. En raison de sa fréquentation, de la qualité de sa programmation et de ses retombées médiatiques, Jazzablanca est aujourd'hui un événement qui fait pleinement partie du paysage casablancais. Il offre aux habitants et aux visiteurs de passage l'occasion unique de vivre des émotions fortes dans des lieux emblématiques de la ville», confie Moulay Ahmed Alami, président du Jazzablanca Festival qui se permet Pink Martini en second concert dimanche 9 avril. Le plus Almodovarien des groupes américains s'est fait connaître par sa reprise de Piaf : «Je ne veux pas travailler». Formé en 1994 par Thomas Lauderdale au piano et China Forbes au micro et entourés de Gavin Bondy à la trompette, Derek Rieth aux percussions, Martin Zarzar à la batterie et Phil Baker à la basse, le groupe sort son 1er album «Sympathique», double disque d'or puis «Hey Eugene», 3e opus, voit le jour en 2007, véritable clin d'œil à la musique de Nat King Cole et à celle des films d'Almodovar. L'aventure continue avec un génie de 26 ans de la Nouvelle-Orléans du haut de sa trompette ! Christian Scott s'apprête à donner un concert aussi stylé qu'habité par une envie de rendre le jazz «cool» puisqu'il sait allier jazz des années 60 au hip hop et à la soul. Et comme les jours se suivent et ne se ressemblent pas au Jazzablanca, le festival propose un des auteurs-compositeurs et interprètes britanniques les plus emblématiques des années 80 qui est l'auteur d'une des plus grandes chansons pop rock du siècle : «Say It Ain't So». Avec 18 albums à son actif, il a participé à plusieurs projets depuis 1960 en tant que chanteur mais aussi acteur, notamment pour la comédie Hair et de nombreux films, comédies musicales, émissions télé et radio. Mercredi 12, ce sera au tour du pianiste jazz latino venu tout droit de Cuba, Roberto Fonseca qui fait ses premières armes musicales à la batterie, ce qui influencera son jeu au piano, percutant et dynamique. Remarqué pour son style hybride sur l'album «En el comienzo» (1998), puisant dans le jazz et les sonorités afro-cubaines, il se fait rapidement un nom. Les disques s'enchaînent : de «Tiene que ver» (1999) à «Zamazu» (2007) en passant par «No Limit» (2000), Roberto Fonseca ne cesse d'approfondir son univers coloré aux mélodies dansantes. Ses collaborations avec des artistes de renom tels que Ruben Gonzalez, Herbie Hancock ou Ibrahim Ferrer le conduisent aujourd'hui à se produire dans le monde entier. Viendra ensuite une clôture qui fait du bien, une clôture pleine de sens, celle du duo musical français, composé de Simon Buret et Olivier Coursier: AaRON. Ce duo a été révélé par le film «Je vais bien, ne t'en fais pas» de Philippe Lioret, dont la chanson «U-Turn» (Lili) a été reprise comme thème principal de la BO. L'album «Artificial Animals Riding On Neverland» sort en 2007 et passe la barre des 150.000 exemplaires. AaRON entame ainsi une tournée avant de lancer en 2010 «Birds in the Storm», une réalisation riche accueillant des sonorités électroniques et sublimée par des mélodies délicates. AaRON donne ensuite naissance au troisième album live «Waves from the Road». En 2013, le duo compose la BO du film «Les yeux fermés» et lance en 2015 l'opus «We Cut the Night». En parallèle, le Jazzablanca laisse libre cours à la créativité de la jeunesse. Plusieurs musiciens marocains et du monde se produiront au Village et au JazzClub comme Ayoub El Machatt, Amine Dhobb, Illyes Khattar Live Project, Meryem Aboulouafa ou encore Faty's Project sans oublier les Américains Robyn Bennett & Bang Bang, les Ivoiriens 5'oclock, les Anglais Atlantic Soul Orchestra, les Hongrois Kéknyúl, les Espagnols Antonio Lizana Group et Marinah & Chicuelo, les Anglais Myles Sanko et les Allemands Habibi Funk. Le Festival continue du 14 au 16 avril à la Place des Nations Unies en plein air avec des groupes comme l'Orchestre national de Barbès, Ghoula, The Grey Stars ou encore Marrakech Jazz Beat. Oui, le Jazzablanca «va bien, ne vous en faites pas»...