Les Marocains et les amis du Maroc ont salué le retour triomphal du pays à l'Union africaine et le discours du roi Mohammed VI lors du sommet africain en Ethiopie pour la première fois depuis des décennies. Le discours royal historique à Addis-Abeba est le couronnement des actions politiques, économiques et culturelles réussies du roi en Afrique. La réintégration du Maroc au sein de l'Union africaine est le résultat de la politique clairvoyante de SM le roi dès le début de l'année 2000, quand il avait annulé la dette des pays africains les moins avancés envers le Maroc. Ensuite, il est allé plus loin en effectuant des tournées de plus en plus fréquentes dans plusieurs pays de l'Afrique de l'Ouest, francophone, de l'Afrique centrale, puis orientale et depuis quelques mois, il a effectué des voyages de travail plus au sud, au Rwanda, à Madagascar et en Tanzanie. Le retour historique du Maroc au sein de l'instance de l'Union africaine est une excellente démarche aux niveaux économique et politique. Economiquement, le Maroc aura accès au marché africain prometteur, ce qui permettra des échanges favorables. Le Maroc, en tant que pays stable et relativement riche, pourra contribuer au développement du continent africain tout en renforçant son propre développement économique. Au niveau politique, la réintégration de la famille africaine consolidera les liens de fraternité et d'amitié avec les pays africains et favorisera l'intégrité territoriale du Maroc qui trouvera des alliés pour faire valoir son projet rassembleur pour les provinces sahariennes et pour discréditer la thèse des ennemis de notre intégrité territoriale de l'intérieur de l'Union africaine même. En évitant son isolement en Afrique à un moment où l'Algérie nous tourne le dos, la Libye est en ruine et la Tunisie et l'Egypte dans une situation délicate, le Maroc a besoin de s'appuyer sur le bloc des pays africains afin de dialoguer et coopérer davantage avec d'autres pays africains. Le Maroc mettra à la disposition de l'Afrique ses compétences dans tous les domaines : l'agriculture, la construction, la finance, l'industrie agro-industrielle, les infrastructures routières, portuaires et aéroportuaires, etc. «Mon pays opte pour le partage et le transfert de son savoir-faire ; il propose de bâtir concrètement un avenir solidaire et sûr», a souligné SM le roi. Il mettra en avant également son expertise sécuritaire pour la lutte antiterroriste, sa diplomatie pour la résolution des conflits. «Depuis son indépendance, le Maroc a participé à six opérations de maintien de la paix des Nations-Unies en Afrique, déployant des milliers d'hommes sur les différents théâtres d'opération. Les troupes marocaines sont, aujourd'hui encore, déployées en RCA et RDC», a souligné le discours royal. Le Maroc a récemment donné ses hautes directives pour régulariser la situation de dizaines de milliers de migrants subsahariens, et il a mis les oulémas marocains à la disposition des pays africains musulmans pour le renforcement de l'islam modéré et la lutte contre l'extrémisme religieux. Lors des visites royales précédentes en Afrique, «des projets stratégiques d'envergure ont été mis en place», notamment l'initiation du projet de Gazoduc africain Atlantique avec le Nigéria qui acheminera le gaz des pays producteurs vers l'Europe. «Mais, au-delà, il bénéficiera à toute l'Afrique de l'Ouest», a souligné le roi dans son discours. En plus d'autres projets bilatéraux, «des unités de production de fertilisants ont été mises en place avec l'Ethiopie et le Nigeria» dont «les bénéfices s'étendront à l'ensemble du continent». Le discours du roi à Addis-Abeba et ses actions multiples en Afrique ont été très bien accueillis et applaudis de bonne grâce par les chefs d'Etats africains. Comme il l'a dit dans un style fin et émotionnel, il est rentré chez lui et il est heureux de retrouver ses chers frères africains qui lui ont tous manqué. SM le roi a critiqué clairement le dysfonctionnement de l'UMA «parce que la foi dans un intérêt commun a disparu». En jetant toute la responsabilité sur les Etats maghrébins qui demeurent parmi les moins intégrés au monde, le souverain a indiqué que «les pays du Maghreb sont à un niveau de coopération économique très faible» en comparaison avec les autres sous-régions africaines. Bref, le mardi 31 janvier 2017 restera un jour historique pour le royaume, qui revient après 33 ans d'absence au sein de la grande maison africaine. Et tout cela est l'aboutissement de longues années de gigantesques efforts au service d'un continent naguère ruiné et saccagé, aujourd'hui usé et abusé par des pays occidentaux et autres. Le Maroc s'est retiré en 1984 de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) en signe de protestation contre l'admission de la République sahraouie (RASD) dans cette institution. Aujourd'hui, la réintégration marocaine de l'Union africaine aura des ramifications importantes, d'autant plus que le Maroc est un pays clé en Afrique et a des relations fortes et un impact considérable en Afrique de l'Ouest. La place du Maroc n'est pas seulement centrale aux niveaux politique et économique, mais aussi du point de vue culturel et religieux. Quelques pays musulmans d'Afrique de l'Ouest font l'éloge du roi du Maroc dans les prières du vendredi en tant que commandeur des croyants. En réintégrant l'Union africaine, le Maroc exprime non seulement son désir d'exercer une influence au sein de l'organisation africaine mais aussi de contester et de freiner la présence de la dite RASD puisque de nombreux pays africains ont déjà retiré leur reconnaissance de cette entité marionnette. Cela ouvrira une nouvelle ère dans la lutte marocaine pour son intégrité territoriale et dans les relations du Maroc avec le continent africain. Le Maroc va maintenant revenir à son rôle de leader politique et économique en Afrique et devra corriger ses erreurs précédentes. Moha Ennaji Président de l'Institut international des langues et cultures à Fès