Les salariés de l'usine espagnole de l'équipementier français Saint-Gobain Sekurit s'opposent à une redirection de la production vers le site marocain du fabricant de vitrage. Les syndicats se mobilisent. Après l'agriculture marocaine, c'est au tour de l'industrie automobile d'être dans la ligne de mire des syndicats espagnols. Ceux-ci dénoncent ce qu'ils appellent le «plan» de l'équipementier Saint-Gobain Sekurit, consistant à transférer une partie de sa production du site d'Aviles (Nord) vers le royaume. Fournisseur de pare-brises pour les constructeurs automobiles, ce fabricant français a inauguré sa première usine de vitrage automobile au Maroc en 2014 pour répondre aux besoins de ses clients Renault et Somaca, et PSA prochainement. Hier mardi, les syndicats ont clôturé le mouvement de protestation pour dénoncer le «vitrage low-cost», en référence aux produits fabriqués au Maroc. De fait, depuis quelques mois, les syndicats considèrent que le management est en train de transférer une partie de la production réalisée actuellement à Aviles vers l'usine de Kénitra, dans le parc d'Atlantic Free Zone. Selon les syndicats espagnols du secteur des composants automobiles, depuis l'annonce de l'installation de PSA au Maroc, les entreprises implantées en Espagne redirigent, petit à petit, leur production vers nos latitudes. Les récentes déclarations du management de PSA n'ont pas rassuré les salariés espagnols. Le constructeur avait annoncé son plan de réduire ses coûts dans le pôle espagnol, en confiant une partie de la production à des fournisseurs implantés au Maroc, dans l'objectif d'atteindre un volume de vente de 1 milliard millions d'euros par an. Les salariés de Saint-Gobain Sekurit estiment que leur employeur est en train de consolider la production au Maroc, tout en réduisant son activité en Espagne. Pour appuyer ses dires, le comité d'entreprise de l'usine d'Aviles a souligné que le volume de production a significativement baissé, passant de 2,5 millions de pare-brises en 2015 à 1,2 million prévu en 2017, «alors que les conditions du marché de l'automobile sont identiques à l'exercice 2015», estiment les syndicalistes. Ceux-ci accusent le site marocain de «copier» et de tirer profit des modèles dessinés au sein de la plateforme espagnole, comme s'il s'agissait d'un concurrent et non d'une plateforme appartenant au même groupe. En guise de protestation, les syndicats de l'usine d'Aviles ont convoqué des débrayages, tout au long du mois de janvier, et veulent mobiliser leur gouvernement régional. Une chose est sûre: la multiplication des annonces d'implantation de constructeurs automobiles et de leurs fournisseurs sous nos cieux fait des jaloux auprès des voisins ibériques. Toutefois, d'autres régions voient dans ces arrivées une opportunité pour le secteur espagnol. Selon le journal électronique www.farodevigo.es «le Maroc se consolide à pas de géant comme un pôle automobile mondial grâce à Renault et PSA», souligne ce média originaire de la Galicie. Le portail estime que la nouvelle implantation de PSA profitera aux usines de Vigo (Galicie) et consolidera les relations commerciales entre le Maroc et cette région espagnole, connue pour abriter un fort réseau d'équipementiers automobiles. De ce fait, plusieurs composants automobiles seront en premier lieu produits en Galicie avant d'être acheminés vers le site kénitri de PSA.