«C'est le projet hydraulique le plus coûteux jamais réalisé au Maroc». Le département de l'Agriculture est en train de creuser toutes les options possibles pour pallier les déficits hydriques des périmètres agricoles irrigables du pays, et s'apprête à s'attaquer à du lourd. Le projet d'aménagement hydroagricole relatif au transfert des eaux du Nord au Sud du royaume, lance ses premières études. L'idée paraît simple sur le papier. Elle vise, selon les données du ministère de tutelle, «le transfert des excédents d'eau perdus en mer des bassins des oueds Laou, Loukkos et Sebou, vers les bassins du Bouregreg, de l'Oum er rebia et du Tensift». L'objectif est de «combler les déficits en eau des périmètres d'irrigation et pour satisfaire une demande en eau en forte progression dans ces bassins». Cette simplicité devrait pourtant coûter quelque 30 milliards de dirhams, et cela rien que pour la composante ouvrage de mobilisation et transfert de l'eau. Concrètement, le projet devrait se traduire par la réalisation, sur une distance d'environ 500 km entre l'oued Laou au nord et le barrage Al Massira au sud, d'un adducteur constitué d'une série de canaux, conduites, galeries et stations de pompage dimensionnés. Ce dispositif d'envergure et complexe devrait être à même de faire transiter un débit maximal de 45 m3/s, soit un le transfert d'un volume moyen annuel de l'ordre de 845 millions de m3. Réhydratation La réalisation de ce projet se déroulera en deux grandes phases. La première devrait viser le transfert des volumes d'eau excédentaires du bassin du Sebou, estimés à 475 millions de m3 /an. Quant à la seconde, elle prévoit le transfert vers le sud de 370 millions de m3/an des volumes excédentaires des bassins des oueds Laou et Loukkos. De ce fait, l'étude de faisabilité en cours d'adjudication sur le marché public couvrira bien sûr toutes les régions traversées par l'ouvrage de transfert. Les zones concernées vont en effet de la Chaouia aux zones d'irrigation privée du littoral atlantique, entre Casablanca et Azemmour, en passant par celles de Rhamna, de Doukkala-Abda, et du Haouz central. L'initiative est sans doute l'une des plus importables adoptée depuis 2009 dans le cadre la stratégie nationale du secteur de l'eau. Elle vient renforcer un autre projet phare, portant sur un important programme de réutilisation des eaux usées traitées en irrigation (Reuti). Un plan directeur est d'ailleurs déjà mis en gestation. L'idée est de faire le point sur l'état des lieux de la réutilisation des eaux usées en irrigation, inventorier le potentiel des ressources en eaux usées traitées susceptibles d'être utilisées à des fins d'irrigation. La stratégie nationale de l'eau estime à 300 millions de m3 les ressources en eau usées traitées pouvant être mobilisées pour différents usages, dont l'irrigation agricole. Ce volume devrait pouvoir ainsi combler près de 12% du déficit hydrique à l'échelle nationale.