Le secteur primaire est à la recherche de pistes de sortie, face à la menace pesante du stress hydrique sur plusieurs grandes régions agricoles qui devraient bientôt commencer à en payer les frais. Les ressources conventionnelles d'eau d'irrigation - nappes souterraines et eaux de surface - sont en effet dans un état de raréfaction avancée. Le département ministériel de l'Agriculture sonne l'alerte, et compte s'investir dans de nouvelles alternatives. La réutilisation des eaux usées traitées en irrigation (REUTI), est l'une d'entre elles. Un plan directeur est d'ailleurs déjà mis en gestation et les objectifs sont avancés. Il s'agit de «faire le point sur l'état des lieux de la réutilisation des eaux usées en irrigation, inventorier le potentiel des ressources en eaux usées traitées susceptibles d'être utilisées à des fins d'irrigation, ainsi que des terres irriguées et potentiellement irrigables par la REUTI», explique-t-on dans un document interne de la tutelle. Ce potentiel est pourtant déjà bien présent. La stratégie nationale du secteur de l'eau, lancée en 2009, estime à 300 millions de m3 les ressources en eau usées traitées pouvant être mobilisées pour différents usages, dont l'irrigation agricole. Ce volume devrait pouvoir ainsi combler près de 12% du déficit hydrique à l'échelle nationale. «Ces ressources peuvent surtout constituer une solution locale au déficit hydrique dans certaines régions telles que le Souss Massa, le Haouz ... où la pression sur les ressources en eau conventionnelles est de plus en plus forte et où il n'existe pas d'alternative de mobilisation plus économique», commente-t-on au sein de l'administration agricole. Pour celle-ci, la REUTI semble décidément l'option qui s'impose de plus en plus. Connexions Auprès, en tout cas, de la Direction de l'irrigation et de l'aménagement de l'espace agricole du ministère de Aziz Akhannouch, l'option est plus que convaincante. «Compte tenu de l'accroissement des volumes rejetés par les villes et centres urbains et ruraux, de la mise en oeuvre du Programme national d'assainissement (PNA), la capacité de traitement des eaux usées et le potentiel de ressources en eaux usées traitées sont appelés à augmenter» , déclare-t-on auprès de cette structure. Là, nous retrouvons l'interconnexion longtemps recherchée entre les plans d'action mis en oeuvre par les différents ministères concernés. Ce constat est d'autant plus pertinent, si l'on sait que le PNA a justement pour ambition d'augmenter le taux de raccordement au réseau collectif d'assainissement de la population urbaine à 80% et de réduire d'au moins 60% la pollution par les eaux usées. Par ailleurs, les eaux usées traitées constituent une ressource «moins aléatoire et plus sûre» en période de pénurie, car moins affectée par la sécheresse. Il y a lieu d'ajouter l'aspect qualitatif des ressources en eau d'irrigation. En effet, plusieurs bassins de production agricole subissent de plus en plus la détérioration de la qualité des ressources en eau, en raison des rejets d'eau usées brutes par les agglomérations et les centres urbains. Dans ce sens, la réutilisation des eaux usées traitées joue un double rôle, celui des effets positifs sur le déficit hydrique, ainsi que d'amélioration de la qualité des ressources en eau utilisées en agriculture. Projets À terme, le plan directeur en conception devrait ainsi constituer une feuille de route stratégique pour la promotion et le développement des projets de REUTI. Une première initiative est dèjà lancée, à l'échelle régionale. La ville de Médiouna devrait effectivement bientôt se doter d'une station d'épuration de type membranaire. C'est un projet mis en oeuvre par la Lydec et qui devrait à terme s'inscrire dans un programme de réutilisation des eaux usées traitées par cette station, dans le domaine agricole, en l'occurrence l'irrigation.