Entre la poésie et la peinture, il n'y a qu'un pas, ou plutôt un trait d'union. Cette idée, la Nobly's Gallery de Rabat se propose de l'illustrer grâce à trois peintres passionnés de pinceaux et de mots: Aziza El Kadiri, Lahbib M'Seffer et Michel Barbault, et à leur travail «Peinture poésie, trait d'union». Découverte. La poésie pour philosophie et la peinture comme art de vivre, c'est ce qui rassemble les trois artistes Aziza El Kadiri, Lahbib M'Seffer et Michel Barbault dans l'exposition baptisée «Peinture poésie trait d'union», qui se poursuit jusqu'à fin novembre à la Nobly's Gallery de Rabat. «On est trois personnes, aujourd'hui amies. Nous nous sommes rencontrés grâce à l'art, c'est ce qui nous lie. Peinture, poésie: nos arts sont différents; ce qui nous retient et nous relie, c'est la recherche de la beauté, la quête de la félicité», confie l'artiste peintre de la liberté, Aziza El Kadiri, qui a toujours mêlé poésie et peinture dans sa démarche artistique. Une façon pour elle de s'exprimer, de sortir d'une période difficile qu'elle a vécue suite à la perte d'êtres chers. «J'ai commencé par la peinture, elle est venue à moi à la suite d'événements un peu tristes. La perte d'un être cher est un choc. Par la suite, la poésie est venue à moi comme ça, comme une mission divine. Plus jeune, il m'est arrivé d'écrire plusieurs poèmes. J'ai écrit le premier en 1975, à l'époque de la Marche verte. Il s'intitule «Et pourtant tu m'appartiens», et concerne le Sahara. J'ai laissé tomber. Puis il y a à peu près 3 ans, l'inspiration est revenue par un soir hiver, sans crier gare, et je l'ai accueillie à bras ouverts. Aussi bien dans la peinture que dans la poésie, elle vous interpelle. Vous y laissez une partie de vous-même», continue Aziza El Kadiri qui voit en la peinture la joie, le bonheur et tous ces états d'âmes qui traversent l'être humain. Pour Lahbib M'Seffer, ce sera un cheminement contraire à celui de Aziza El Kadiri. «J'ai commencé par la poésie dans les années 60 et je suis venu à la peinture dans les années 1980-1982. Quelle raison m'a poussé à me diriger vers la peinture? J'étais responsable des ressources humaines. J'avais demandé aux collaborateurs de suivre une formation professionnelle; ayant quelques années d'expérience à faire valoir, ils se sont dits «on est saturé, on ne peut plus rien apprendre». Au même moment était inaugurée une école d'art. J'ai intégré celle-ci pour voir si on pouvait encore apprendre des choses à un âge avancé». Imprégné par la mer, qui l'inspire, il peint la nature, le ciel, l'océan, le beau. Pour lui, habiter au bord de la mer inspire la créativité et donne des envies de peinture et de poésie. «On ne peut pas naître au bord de la mer, au bord de paysages très beaux, et ne pas avoir cette sensibilité de poète ou de peintre. Les deux se marient. Je ne vois pas de différence entre la peinture et la poésie, je me suis même posé la question de savoir s'il fallait écrire ou peindre». Si la poésie et la peinture sont l'essence de la démarche artistique de Aziza El Kadiri et de Lahbib M'Seffer, les deux artistes y traduisant leurs envies de liberté, leur enfance face à l'océan ou leur passion pour les mots qui viennent des maux, Michel Barbault propose un travail inédit, des toiles qui lui sont venues naturellement, qu'il a du mal à expliquer. «C'est un travail complètement inattendu pour moi, je viens de me rendre compte que j'ai travaillé pour que la série soit cohérente, dans le même esprit, mais sans verser dans la reproduction du premier que j'ai fait. Je me rends mieux compte, aujourd'hui, du fait que j'ai réussi à enfanter toute une série où aucune oeuvre n'est semblable à une autre, tout en conservant une cohérence. Etait-ce totalement inconscient? Je ne sais pas du tout», avoue l'artiste qui propose une série aérienne et poétique, émanant d'un inconscient qu'il vient de «conscientiser». «Peinture poésie, trait d'union» est un projet de trois artistes que tout séparait dans la vie mais que la peinture et la poésie ont fini par réunir. Une exposition qui se poursuit jusqu'à fin novembre à la Nobly's Gallery de Rabat.